jeudi 19 décembre 2013

PROCHAINES PRESENTATIONS : DEBUT FEVRIER 2014



Prix et nouveautés littéraires

Coups de coeur...



"BIG EASY" de Ruta Sepetys (Gallimard/Scripto)



"Big Easy"
Ruta Sepetys
(Gallimard / Scripto)

Dès 13 ans


Ruta Sepetys :
Américaine d'origine lituanienne, Ruta Sepetys est née et élevée dans le Michigan et est diplômée en finance internationale. Après avoir vécu quelque temps en Europe, notamment à Paris, elle s'installe à Los Angeles où elle décide de travailler dans l'industrie musicale. Lorsqu'elle se met à l'écriture et publie en 2011 "Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre", sur la déportation d'un adolescent dans les goulags staliniens, roman inspiré de l'histoire de sa famille, elle rencontre un succès international.

L'histoire :
En 1940, Josie a sept ans lorsqu'elle s'installe avec sa mère, Louise, à la Nouvelle-Orléans, ville surnommée "Big Easy", dans le Quartier français de très mauvaise réputation. Louise est prostituée. Elle est pensionnaire de la maison close de Conti Street, tenue par la puissante "Madame" Willie Woodley. Constamment fauchée et attirée par des gens louches et dangereux, Louise n'est pas une mère aimante ni attentionnée. C'est Willie qui assure l'éducation et la protection de Josie, et une poignée de personnes généreuses l'entoure d'amour et d'amitié.
Josie a maintenant dix-sept ans. Elle est une élève brillante. Pour gagner un peu d'argent, elle fait le ménage tôt le matin chez Willie, mais surtout, passionnée de Littérature, elle travaille pour sa plus grande joie à la librairie des Marlowe père et fils qui l'ont accueillie comme un membre de leur famille. Le rêve de Josie ? Rejoindre la prestigieuse université de Smith* dans le Massachusetts. Mais le destin a décidé de lui mener la vie dure...

*: Dans ce blog, en septembre 2013, nous avons déjà évoqué The Smith College, célèbre université féminine privée des Etats-Unis, dans "Les débutantes" de J. Courtney Sullivan (Le Livre de Poche) - Ados/Adultes - Prix des Lecteurs 2003

Mon avis :
Ce livre est né d'une question que Ruta Sepetys posa un jour à son père, venu aux Etats-Unis en 1949 après être passé par un camp de réfugiés en Allemagne : "Qu'as-tu vu à ton arrivée ?". Et son père de lui faire cette réponse surprenante : "J'ai vu de la douleur." Car dans les années 1950, la vie américaine, parfaite et opulente en surface, foisonnait de mensonges et de secrets bien cachés. (cf : Magazine Lire - Novembre 2013)
Pimenté de subtiles touches de romanesque, de polar, d'aventure, de Littérature, d'Histoire, ce roman captivant dépeint avec autant de pudeur que de réalisme la vie difficile dans ce quartier pauvre de la Nouvelle-Orléans des années 1950. L'ambiance, parfaitement recréée, éveille tous nos sens et l'on s'abandonne totalement à l'histoire. Les personnages principaux sont si attachants et émouvants, ils nous font tant vibrer, qu'on les quitte à la fin à grand regret.

Délectable !


"MERRY CHRISTMAS : Christmas Pudding et Le Noël d'Hercule Poirot" d'Agatha Christie (Le Livre de Poche)



"Merry Christmas"
Christmas Pudding
Le Noël d'Hercule Poirot
Agatha Christie
(Le Livre de Poche)

Ados / Adultes


Agatha Christie (1891 - 1976) :
L'une des gloires du roman policier britannique, elle est née d'un père américain et d'une mère anglaise. Enfant, elle rêve de devenir cantatrice. Mais d'une très grande timidité, elle préfère exceller dans l'art des énigmes et du suspense. Elle signe ses livres du nom de son premier mari, même après son divorce. Elle a inventé, dit-on, son premier "mystère" en 1920 pour éprouver la perspicacité de sa soeur, grande lectrice de romans policiers. Auteur la plus lue après Shakespeare ; quatre-vingts romans et autant d'intrigues retorses dans la plus pure tradition britannique ; passionnée de faits divers ; familiarisée aux substances pharmaceutiques dangereuses par sa qualité d'infirmière pendant la Première Guerre Mondiale ; largement inspirée par ses nombreux voyages aux côtés de son second mari, Max Mallowan, archéologue, qu'elle accompagne, de 1930 à 1939, sur tous ses champs de fouilles d'Irak et de Syrie, Agatha Christie imagine le crime parfait, des enquêtes qui tiennent en haleine jusqu'au dénouement final en y mêlant beaucoup d'exotisme, d'humour, et sans jamais craindre de jouer avec tous les clichés anglo-saxons.


  • "Christmas Pudding" (nouvelles)
- Christmas Pudding
- Le Mystère du bahut espagnol
- Le souffre-douleur
- La mort avait les dents blanches
- Le rêve
- Le policeman vous dit l'heure

Six délicieuses nouvelles pour un inoubliable festin de Noël mitonné avec délectation par une Agatha Christie plus malicieuse que jamais... 


  • "Le Noël d'Hercule Poirot" (roman)
L'histoire :
Dans son magnifique domaine de Gorston Hall, le vieux milliardaire Simeon Lee réunit, pour les fêtes de fin d'année, toute sa famille jusqu'alors éclatée depuis la mort de son épouse il y a vingt ans. Quelles sont ses véritables intentions ? Personne ne le saura car, la veille de Noël, le vieillard est sauvagement assassiné dans son bureau...

Mon avis :
Un meurtre effroyablement sanglant, ce qui est rare chez Agatha Christie. Une intrigue démoniaque savamment orchestrée et pleine de surprises. Une affaire savoureuse entre les petites cellules grises d'un trio d'enquêteurs exquis et hauts en couleur : le délicat Hercule Poirot, le grognon colonel Johnson et l'impétueux superintendant Sugden.

Divertissant et jubilatoire !





A voir :

"Petits meurtres en famille"
Excellente mini-série TV d'Edwin Baily
avec Robert Hossein, Antoine Duléry,
Marius Colucci, Bruno Todeschini,
Elsa Zylberstein, Frédérique Bel...

Une adaptation française très réussie !








"NOUVEAUX CONTES DE NOËL" d'Anne Perry (10/18)




"Nouveaux contes de Noël"
Anne Perry
(10/18)

Ados / Adultes


Anne Perry, romancière britannique, est née en 1938. Elle vit au nord d'Inverness, en Ecosse.

Ceux qui ont, un jour, plongé dans l'une des enquêtes de Thomas Pitt en sont la plupart du temps ressortis accrocs. C'est que sa créatrice, l'écrivain britannique Anne Perry, a un sacré talent pour faire revivre l'atmosphère du Londres victorien où, tandis que Jack l'éventreur rôde dans les quartiers miséreux des docks, la haute société cache ses turpitudes dans un tourbillon de fêtes, de spectacles et de célébrations militaires. Anne Perry est une star à travers le monde où près de 25 millions d'exemplaires de ses livres ont été vendus. Les enquêtes de Thomas Pitt et sa femme, la perspicace Lady Charlotte, ont fait sa renommée. Plus récemment, elle a créé un autre personnage d'enquêteur, Monk, qui a la particularité d'être amnésique et de redouter d'avoir été quelqu'un de vraiment pas bien auparavant. Difficile de ne pas penser, en lisant ces romans, que l'auteur a elle-même été condamnée pour meurtre lorsqu'elle avait quinze ans et vivait en Nouvelle-Zélande, convaincue d'avoir assassinée, avec sa meilleure amie, la mère de celle-ci. Dette payée, nom changé, Anne Perry est devenue auteur de romans policiers dans lequels le poids du passé, la culpabilité et la rédemption sont des thèmes récurrents, ainsi que les portraits de femmes en rébellion contre l'ordre établi.

Emission "L'humeur vagabonde" par Kathleen Evin - franceinter.fr


  • "La promesse de Noël" 
C'est bientôt Noël. En vacances sur l'Ile d'Anglesey, au large du Pays de Galles, le commissaire Runcorn, de la police de Londres, savoure le vent vivifiant et le silence de cet endroit isolé...

Mon avis
Une pincée d'Agatha Christie. Un soupçon de Conan Doyle. Une atmosphère insulaire parfaitement rendue qui crée une intimité troublante avec les personnages.

  • "La révélation de Noël" 
Alors qu'elle se réjouit de fêter prochainement Noël avec son mari et ses enfants dans leur maison de Londres, Emily reçoit une étrange missive en provenance du Connemara, en Irlande. Sa tante Susannah, qu'elle n'a pas vue depuis plus de vingt ans, réclame sa présence...

Mon avis :
Une description des paysages irlandais à couper le souffle. Une immersion au coeur d'âmes malmenées, blessées, parfois brisées par la violence des éléments et le poids de leur Histoire.

  • "Un Noël plein d'espoir"
A quelques jours de Noël, Londres est sous la neige et le froid. Gracie, treize ans, se presse de faire les courses pour sa grand-mère lorsqu'elle croise le chemin d'une enfant en larmes. L'oncle de la petite vient de mourir et l'âne auquel elle est très attachée est perdu, seul, quelque part dans la ville...

Mon avis :
Un très joli conte à la Dickens dans les ruelles inquiétantes de Whitechapel. La magie de Noël opère merveilleusement.

  • "L'odyssée de Noël"
Depuis de trop longues années, James Wentworth n'a pas revu son fils, Lucien. Ce dernier s'est perdu dans les bas-fonds de Londres. Abattu de chagrin, à deux semaines de Noël, Wentworth charge son meilleur ami de retrouver son fils...

Mon avis :
Un cauchemar qui nous emmène avec réalisme dans les coins les plus sordides et glauques de Londres. Un régal !

Entre enquêtes policières et aventures mystérieuses, une reconstitution de l'Angleterre victorienne très réussie. Une lecture "boîte de chocolats" qui se déguste avec plaisir !


"L'APPEL DU COUCOU" de Robert Galbraith (J.K. Rowling) (Grasset)



"L'Appel du Coucou"
Robert Galbraith
(J.K. Rowling)
(Grasset)

Ados / Adultes


J.K. Rowling :
Joanne Kathleen Rowling est née en 1965 en Angleterre. Elle a une licence de français et de lettres classiques et a passé un an à Paris dans le cadre de ses études. Son premier job sera pour Amnesty International à Londres. Elle habite alors à Manchester et c'est au cours d'un trajet en train qui l'amène à son travail qu'en 1990, l'image d'un petit garçon brun à lunettes lui vient à l'esprit. Harry Potter est né. Hélas, la même année, la mère de l'écrivain succombe à une sclérose en plaques à l'âge de 45 ans. Sous le choc, J.K. Rowling s'installe, en 1991, au Portugal où elle épouse un journaliste sportif et enseigne l'anglais. Le mariage est catastrophique. Mère d'une petite fille, Jessica, elle revient avec son bébé à Edimbourg auprès de sa soeur Diane, en 1993, et se plonge dans l'écriture de son manuscrit. Le premier tome, "Harry Potter à l'école des sorciers", sera publié en 1997. Depuis, J.K. Rowling vit un conte de fée. Ses sept aventures de Harry Potter sont lues par des millions d'enfants dans le monde entier. Les films tirés de ses romans reçoivent le même succès, ainsi que tous les produits dérivés. Sa notoriété lui permet de soutenir de nombreuses actions caritatives. En 2001, elle épouse le Docteur Neil Murray et le couple a deux enfants, David et Mackenzie. Son premier roman pour adultes, "Une place à prendre", paru chez Grasset fin 2012, n'a pas été bien accueilli ni par les critiques, ni par le public. Les droits ont néanmoins été achetés par la BBC et une mini-série sera bientôt réalisée. Puis, en avril dernier, "L'Appel du Coucou" est arrivé dans les librairies britanniques. Quelques journalistes se sont étonnés que ce polar bien maîtrisé puisse être l'oeuvre d'un écrivain débutant, Robert Galbraith. Trois mois et quelques articles élogieux plus tard, le Sunday Times révélait que derrière Robert Galbraith se cachait en réalité J.K. Rowling.

L'histoire :
Trois mois après le suicide très médiatisé de Lula Landry, une jeune top-model, Robin Ellacot entre en tant que secrétaire intérimaire à l'agence "C.B. Strike, détective privé". Cormoran Strike, un géant de Cornouailles de 1,92 m, est en pleine faillite professionnelle et amoureuse. C'est alors que se présente à lui une affaire, certes lucrative, mais surtout très sensible. John Bristow, riche frère de la star Lula Landry, ne croit pas que sa soeur ait mis fin à ses jours...

Mon avis :
On fond pour le détective Cormoran Strike, ce yéti tout en force et en sensibilité diablement attachant ! Vétéran  de l'Afghanistan, où il a perdu une jambe, il est la voix, le témoin de tous les blessés et traumatisés de la guerre. Un roman à la fois distrayant et d'un réalisme très réussi. On sent l'odeur moite et lourde d'un bureau dans lequel on a dîné et dormi, le froid des flocons de neige sur la peau, le goût du steak and kidney pie (tourte à la viande de boeuf et aux rognons) du petit resto du coin... On retrouve avec bonheur l'univers de J.K. Rowling, son imaginaire, ses personnages originaux aux noms improbables, son humour très britannique, sa plume acérée trempée dans l'encre de sa colère contre toutes les formes d'injustices sociales, contre les revers de la célébrité, contre certains médias, et son amertume sur le cynisme des plus fortunés.

Un très très bon moment de lecture !


"J.R.R. TOLKIEN, LE SEIGNEUR DES ECRIVAINS" - Magazine LIRE - Hors-Série


A offrir (ou à s'offrir), lors des prochaines fêtes de fin d'année, aux côtés d'un roman de l'auteur ou d'une adaptation cinématographique par Peter Jackson, ce magnifique hors-série du magazine Lire consacré au non moins exceptionnel magicien de la Littérature Britannique, J.R.R. Tolkien. Très complet, ce "Précieux" document nous apprend tout sur l'homme, sur l'écrivain et sur l'oeuvre.

Passionnant et indispensable !



samedi 16 novembre 2013

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-DECEMBRE 2013




Joyeux Noël !

Un livre à offrir...


"SWEET SIXTEEN" d'Annelise Heurtier (Casterman)



"Sweet Sixteen"
Annelise Heurtier
(Casterman)

Dès 13 ans





Annelise Heurtier :
Née en 1979, auteur d'ouvrages jeunesse, en plus d'être la maman comblée de deux merveilleux petits bouts de choux et de mitonner de délicieux petits plats pour son homme, précise-t-elle dans son blog jubilatoire, Annelise Heurtier est une extraordinaire conteuse d'histoires.

Faits réels :
"Les neuf de Little Rock"

Aux Etats-Unis, en 1956, la ségrégation raciale est abolie. Les Noirs peuvent bénéficier du même enseignement que les Blancs. Si la décision est relativement bien accueillie dans le nord du pays, elle provoque l'indignation et la colère des Etats du Sud, de tradition ségrégationniste. Pourtant, le prestigieux Lycée central de Little Rock, dans l'Arkansas, décide de s'engager dans le processus d'intégration et neuf adolescents noirs sont sélectionnés au vu de leur comportement et de leur dossier scolaire pour la rentrée de septembre 1957. Mais le gouverneur Orval Faubus ordonne à la garde nationale d'empêcher les étudiants noirs d'accéder à l'établissement. De violentes manifestations racistes font rage pendant trois semaines. Devant l'illégalité de la décision du gouverneur, le Président Eisenhower doit intervenir. Il renvoie la garde nationale et la remplace par mille soldats pour escorter et protéger les neuf élèves noirs face à 2500 élèves blancs et une foule hostile. Des lynchages entre Noirs et Blancs ont lieu devant le lycée. Le 12 septembre 1958, sur ordre de la Cour suprême, l'intégration des étudiants Noirs dans les écoles de Little Rock doit être immédiate. Mais les autorités locales préfèrent fermer les établissements scolaires plutôt que d'obtempérer. Les tribunaux fédéraux ordonnent leur réouverture. Constamment harcelés, humiliés, brutalisés, réellement mis en danger, "les neuf de Little Rock" ne resteront au lycée qu'une année. Une année de violence inouïe. Mais ils vont devenir célèbres et enclencher, grâce à leur courage, une vague d'émotion sans précédent dans le pays. En 1999, ils reçoivent "the Congressional Gold Medal", la plus grande distinction qu'un citoyen américain puisse recevoir. En décembre 2008, ils sont invités par Barack Obama. Melba Pattillo (Molly Costello dans le livre), à plus de soixante-dix ans, exerce toujours le journalisme.




"Les neuf de Little Rock" en 2007

"Sweet sixteen" :
Expression utilisée pour désigner le seizième anniversaire des jeunes filles. Aux Etats-Unis, il s'agit d'un véritable événement visant à célébrer le passage de l'adolescence à l'âge adulte.

L'histoire :
1957, Little Rock, Arkansas
La candidature de Molly, lycéenne noire, a été retenue par le prestigieux Lycée central de Little Rock. Grâce à l'abolition de la ségrégation raciale l'année dernière, elle fera partie des neuf premiers élèves noirs sélectionnés pour la toute proche rentrée de septembre. Ce qu'elle pensait être une blague devient réalité et Molly réalise soudain les conséquences que son choix risque d'avoir sur sa famille...
Grace, lycéenne blanche du prestigieux Lycée central de Little Rock, ne s'est jamais beaucoup préoccupée de la ségrégation raciale. Très naturellement, et sans y avoir jamais vu le moindre mal, elle a noué avec sa "nounou" noire, Minnie, une belle amitié. Aussi, lorsque ses meilleures amies, poussées par la Ligue des mères blanches, entrent en guerre contre l'arrivée de neuf élèves noirs dans leur lycée en septembre prochain, elle ne comprend pas bien les véritables raisons de cette haine...

Mon avis :
Une écriture belle et généreuse. Un sujet sérieux. Une histoire rythmée, engagée, captivante. Un livre intergénérationnel que l'on dévore avec passion. 

Un énorme coup de coeur !


"CRIME" de Meyer Levin (Libretto)



"Crime"
Meyer Levin
(Libretto)

Ados / Adultes



Meyer Levin :
Né à Chicago en 1905, romancier et journaliste américain, auteur de "Frankie et Johnnie" et de "La maison de mon père", Meyer Levin couvre, en 1924, pour le "Chicago Daily News", l'affaire Leopold et Loeb. Il appartient alors à la même université que les deux tueurs, il a le même âge qu'eux, et il se trouve qu'il écrit des articles pour payer ses études. Cette affaire lui inspirera "Crime" trente ans plus tard.
La personnalité d'Anne Franck joua également un rôle essentiel dans sa vie d'homme et d'écrivain. Il protesta contre la dénaturation de son "Journal" et contre le fait que la société ait préféré l'exploiter pour son aspect sentimental plutôt que pour dénoncer les atrocités d'un régime totalitaire. "Les maisons hantées de Meyer Levin", écrit par Tereska Torrès, son épouse, raconte ce combat devenu l'obsession d'une vie. Meyer Levin est décédé en 1981.

Faits réels :
Le 21 mai 1924, à Chicago, un jeune garçon de quatorze ans, Bobby Franks, était enlevé et assassiné par deux jeunes gens de dix-huit et dix-neuf ans, Richard Loeb et Nathan Leopold, tous deux étudiants en droit à l'université de Chicago, considérés tous deux comme des prodiges d'intelligence, et tous deux fils de milliardaires. Les meurtriers n'avaient d'autre mobile que de réussir un "crime parfait".



"La corde", film d'Alfred Hitchcock (1948) avec James Stewart

L'histoire :
1924. Par jeu ? Par défi ? Le savent-ils eux-mêmes ? Judd Steiner et Artie Straus, deux jeunes riches et brillants étudiants de l'université de Chicago, planifient méthodiquement et avec une grande excitation un crime "parfait". Ils ont enlevé Paulie Kessler, treize ans, fils du milliardaire Charles Kessler, et viennent d'adresser à la famille une demande de rançon. Au même moment, le corps d'un enfant noyé est découvert dans les marécages. Sid Silver, lui aussi de l'université de Chicago, travaille comme journaliste au "Globe" pour payer ses études. Ce soir-là, son chef l'envoie s'assurer que le petit garçon retrouvé mort n'a aucun lien avec le kidnapping. Malheureusement, Sid va identifier Paulie Kessler...

Mon avis :
Ce livre ne se contente pas de relater le meurtre horrible d'un enfant commis de sang froid par deux jeunes étudiants à peine plus âgés que lui. L'auteur nous amène bien au-delà. Malgré nous, ces assassins nous fascinent. C'est là tout le sujet de la première partie. Ils préparent minutieusement un crime de la même façon qu'ils prépareraient un concours, avec pour unique objectif de recevoir la médaille d'or et pas moins. La théorie du "surhomme" de Nietzsche. Mais ils ont des failles que le narrateur perce à jour. Le procès, deuxième partie du livre, est absolument passionnant. L'avocat hors pair des deux meurtriers fera une plaidoirie qui marquera l'opinion. Il y soulèvera de très nombreuses questions : l'énigme du mobile ; la jeunesse des coupables ; leur étonnante intelligence, leur fortune ; le rôle de l'université, de la Justice, de la presse, de la famille ; la place du Judaïsme et du Christianisme ; l'influence de la philosophie de Nietzsche ; l'homosexualité, Oscar Wilde ; la peine de mort ; la possible démence et les balbutiements des idées de Freud, de la psychanalyse et de la criminologie.

Un outil parfait pour ouvrir des débats et méditer sur de nombreux thèmes !
Un texte brillant !!!


"COEURS BRISES" de Rosetta Loy (Mercure de France)



"Coeurs brisés"
Rosetta Loy
(Mercure de France)

Ados / Adultes




Rosetta Loy naît à Rome en 1931. Mussolini est au pouvoir depuis neuf ans. Puis la guerre éclate. Le fascisme et la déportation des juifs marquent profondément son enfance. Après-guerre, mariée, mère de quatre enfants, elle retourne, par l'écriture, vers ces années terribles. Grand nom de la littérature italienne, couronnée de plusieurs prix littéraires, on la définit comme un des écrivains "de la mémoire". Superposer les souvenirs personnels aux souvenirs d'un passé historique collectif, l'amour, la guerre, les enfants, la mort, ces thèmes se retrouvent dans l'ensemble de son oeuvre. Ses auteurs de référence sont Proust, Dostoïevski, Virginia Woolf, Tolstoï, Elsa Morante, Natalia Ginzburg, Primo Levi, et "Le Journal" d'Anne Franck.

"Les routes de poussière" (Rivages Poche)
"Un chocolat chez Hanselmann" (Rivages Poche)
"La porte de l'eau" (Rivages Poche)
"La première main" (Mercure de France)

"L'oubli est un crime, un acte trop facile et stupide. On oublie par paresse et parce que c'est inconfortable. La mémoire continue d'être l'unique moyen que nous avons pour distinguer le lieu où l'on vit, c'est une boussole qui nous permet de nous orienter. Oublier l'horreur des persécutions antisémites de ce siècle et son épouvantable fin peut être très dangereux. C'est comme être myope et jeter ses lunettes."
Rosetta Loy

Faits réels :

  • En 2001, dans le Piémont, à Novi Ligure, capitale italienne du chocolat, une adolescente de treize ans, aidée de son petit ami, poignarde sa mère et son petit frère de sept ans. Le crime est d'une extrême violence puisque le jeune frère a reçu quarante-quatre coups de couteau.
  • En 2005, en Lombardie, à Erba, quatre personnes, dont un bébé de deux ans, sont mortes égorgées par un couple du même immeuble qui jugeait ses voisins trop bruyants.
Ces deux faits divers ont bouleversé l'Italie.


Mon avis :
Fidèle aux thèmes qui lui sont chers, Rosetta Loy s'empare de ces deux faits divers horribles. Telle une magicienne, sous sa plume extraordinaire et poétique, elle les transforme en contes, comme ceux que sa mère lui lisait lorsqu'elle était enfant. Messagers de la mémoire auprès des petits comme des grands, ils montrent combien la paix, la tolérance et le respect sont des valeurs fragiles, et que la jalousie et la haine sont à notre porte. Le danger est de ne pas y prendre garde et de ne pas les combattre.

"Les grands écrivains lisent dans l'âme" - Rosetta Loy


"SANCTUAIRE" de William Faulkner (Folio)


"Sanctuaire"
William Faulkner
(Folio)

Ados / Adultes


William Faulkner :
Romancier, poète et nouvelliste américain, il naît en 1897 dans une famille aristocratique de l'Etat du Mississippi. Il ne finit pas le lycée et vit presque toute sa vie dans la petite ville d'Oxford. Il publie son premier roman en 1925, "Monnaie de singe". Suivront quatre chefs-d'oeuvre en quatre ans : "Le Bruit et la Fureur", "Tandis que j'agonise", "Sanctuaire" et "Lumière d'août". Toute son oeuvre sera marquée par l'esprit sudiste, la ségrégation raciale, le sens de l'humour et du tragique. En 1932, il devient scénariste à Hollywood, juste pour gagner de l'argent, et a une liaison avec la secrétaire de Howard Hawks, Meta Carpenter. Prix Nobel de Littérature en 1949, il consacre l'argent du prix à la fondation d'un prix littéraire pour soutenir de jeunes écrivains de fiction, devenu aujourd'hui le prestigieux prix PEN/Faulkner. "Parabole" est récompensé par le Prix Pulitzer en 1955. En 1956, son roman "Requiem pour une nonne" est adapté au théâtre, à Paris, par Albert Camus. A partir de 1957, il est écrivain résident de l'université de Virginie. Il ne cessera d'écrire, de boire et de voyager. Souvent comparé à James Joyce, Virginia Woolf, Marcel Proust, Mark Twain, il meurt en 1962 d'un oedème pulmonaire. Son dernier livre, "Les larrons", lui vaut son second Prix Pulitzer à titre posthume en 1963.

"Sanctuaire" :
Ecrit dans le but avoué de gagner de l'argent, la publication de "Sanctuaire" traîne. A la relecture, Faulkner est si peu satisfait du résultat qu'il se décide à récrire son roman, acceptant même de prendre en charge partiellement les frais financiers de ses modifications. Publié en 1931, ce roman noir, qui fait connaître Faulkner, se déroule dans le sud des Etats-Unis pendant la prohibition. Il est peuplé d'êtres asociaux, désabusés, violents, dans une société décadente, hantée par le mal. Pour l'anecdote, lors d'un bref séjour à Paris, Faulkner réalise un croquis des jardins du Luxembourg, qu'il retravaille et qu'il inclut à la fin du livre. Bien que controversé à sa sortie (il évoque un meurtre et un viol particulièrement sordide), "Sanctuaire" est pourtant le seul ouvrage de Faulkner qui reste en permanence disponible aux Etats-Unis de 1932 à 1960.

Faits réels :
"Sanctuaire" s'inspire d'un fait divers survenu dans les années 1920 dans un night-club de la Nouvelle-Orléans : le viol avec un objet et la séquestration d'une jeune fille alors sous la coupe d'un gangster notoire de Memphis. Faulkner prend cet individu pour modèle pour son personnage de Popeye. Impuissant, le véritable truand recourait à des substituts dans ses relations avec les femmes et gardait les filles un certain temps dans un bordel. 

"Sanctuaire", film de Tony Richardson (1961),
avec Yves Montand et Lee Remick,
d'après William Faulkner


L'histoire :
Mississippi, années 1930
Perdu dans la colline, arrêté à une source où il se désaltère, l'avocat Horace Benbow, espère rencontrer quelqu'un qui le conduise jusqu'à la ville de Jefferson. Trop troublé par sa jeune belle-fille, il vient de quitter subitement sa femme, sans même emporter un peu d'argent, et se retrouve à faire du stop. C'est alors qu'un drôle de type, Popeye, croise son chemin et lui offre le couvert.
Le lendemain, Benbow arrive chez sa soeur, Narcissa, veuve, qui vit avec son fils de dix ans et une grand-tante. Benbow fait aussi la connaissance d'un étudiant, Gowan Stevens, tout en joie d'emmener au bal de vendredi soir une belle étudiante rousse, Temple...

Mon avis :
Au préalable, il faut dire que l'écriture de Faulkner est admirable, mais complexe. Toute son oeuvre est un exercice littéraire.
Ce roman se dessine dans toutes les nuances de gris : la poussière, la crasse, la moiteur, la nuit, la noirceur des âmes et des lieux, le brouillard, une ambiance poisseuse, les mégots, les crachats, les vapeurs d'alcool, le sexe, le pessimisme, la déchéance, la désillusion, l'abandon. Une brutalité omniprésente. Les crimes sont au centre du livre. Pourtant, dans ce décor sauvage, sordide, ils paraissent d'une effrayante banalité. Dans ce lieu obscur, chacun est à la fois victime et bourreau, semblable et différent des autres. Les personnages sont solitaires, des femmes, des hommes, des individus qui, pour les uns, tentent de donner un sens à leur vie, ou qui le cherchent ; ou qui, pour les autres, n'ont plus rien à attendre et se laissent porter par le sable brûlant et l'aridité du Sud.

Un roman sombre et violent.

"AU-DELA DU MAL" de Shane Stevens (Sonatine)



"Au-delà du mal"
Shane Stevens
(Sonatine)

Ados / Adultes


Shane Stevens, probablement un pseudonyme, on ne sait rien de lui. "Au-delà du mal" a été publié aux Etats-Unis en 1979, encensé par Thomas Harris, Stephen King et James Ellroy (rien de moins !), vendu depuis à prix d'or chez quelques rares bouquinistes anglo-saxons, et pourtant jamais traduit en français... jusqu'en 2009 quand les éditions Sonatine obtiennent les droits de la fille de l'auteur. Ce livre, un bijou à l'intrigue diabolique, considéré comme un chef-d'oeuvre au même titre que "Le chant du bourreau" de Norman Mailer ou "De sang froid" de Truman Capote, présente pour la première fois l'idée que quelqu'un puisse être un "monstre irresponsable" à travers ce personnage de tueur en série cabossé dès l'enfance, fils d'un petit truand tué lors d'un braquage, et martyrisé par une mère déséquilibrée, victime elle-aussi de la brutalité de la vie et des hommes.

Faits réels :
Caryl Chessman (1921 - 1960)
Surnommé "le bandit à la lumière rouge" parce qu'il approchait ses victimes muni d'une torche ressemblant à celle utilisée par la police, il est arrêté en 1948, et condamné à mort pour braquages à main armée, viols et enlèvements. Cette condamnation soulève de très vifs débats aux Etats-Unis où, depuis l'affaire du bébé Lindbergh en 1932, l'enlèvement avec demande de rançon ou coups et blessures est devenu passible de la peine de mort. Le pays, au soir de la présidence républicaine d'Eisenhower, et à l'aube de celle du démocrate John F. Kennedy, connaît ses premiers mouvements contre la peine de mort. Après douze ans d'innombrables appels, actions judiciaires et la parution de quatre livres, Caryl Chessman est finalement exécuté le 2 mars 1960 dans la "Chambre verte" (la chambre à gaz) de la prison de San Quentin, en Californie, à l'âge de 38 ans. Cette exécution est suivie d'actes de violence et de meurtres qui toucheront le monde politique et les médias parce que l'Amérique est en pleine campagne électorale, mais aussi parce que, malgré la gravité indéniable de ses actes, Chessman n'était pas un tueur et des doutes subsistent encore sur sa culpabilité. 

L'histoire :
Ce soir du 3 septembre 1947, à Los Angeles, Sara et son petit ami Harry s'éloignent de la ville, vers les bois, à l'abri des regards, pour un moment d'intimité. Ils sont alors agressés par un homme muni d'une torche rouge. Sous la menace d'un revolver, Harry est enfermé dans le coffre et Sara est violée à l'arrière de la voiture.
Deux mois plus tard, Sara et Harry se marient et le jeune couple attend bientôt un enfant. Mais le bébé n'est pas de Harry. Sara s'en doute. Et aujourd'hui 24 janvier 1948, elle en est certaine. Car les journaux ne parlent que de l'arrestation du "braqueur à la torche rouge". Sur la photo, Sara le reconnaît. En avril, elle donne naissance à un petit garçon, Thomas, le fils de son violeur, Caryl Chessman...

Mon avis :
L'histoire est dense, passionnante, structurée. Les questions posées sur la génétique, sur les raisons qui poussent quelqu'un au crime, sur les soins psychiatriques, sur la police, la justice, la politique, les médias sont très intelligentes. On sent l'auteur captivé par son sujet et désireux d'offrir au lecteur un maximum d'informations pour l'aider dans sa réflexion. Mais cette rigueur chronologique dans la construction du texte et le foisonnement de détails sont tels qu'ils ralentissent la fluidité de la lecture. Stevens joue avec nos nerfs et abuse de ses 750 pages. J'avoue avoir manqué de patience. Je me suis arrêtée en chemin. Le stress était insupportable ! Mais j'ai adoré...


"999 ANS DE SERIAL KILLERS" de Stéphane Bourgoin (Ring)



"999 ans de serial killers"
Stéphane Bourgoin
(Ring)

Document

Ados / Adultes


Stéphane Bourgoin, né en 1953, est écrivain et libraire spécialisé dans la criminologie et le roman policier, notamment dans l'étude du tueur en série et du profilage. Le viol et le meurtre de sa compagne par un serial killer en 1976 est à l'origine de son intérêt pour ce type de criminel. Le sérieux et le caractère inédit de son travail et de ses recherches l'ont amené à être appelé par le Centre National de Formation de la Police Judiciaire de l'école de Gendarmerie nationale à Fontainebleau. Stéphane Bourgoin y a enseigné pendant douze ans. Il est aussi membre fondateur de l'association "Victimes en Série" (ViES).

"Le Livre Rouge de Jack l'Eventreur" (Grasset)
"Profileuse, une femme sur les traces des serial killers" (Grasset)
"Le Dahlia Noir, autopsie d'un crime, de 1947 à James Ellroy" (Edite)

"999 ans de serial killers" rassemble des affaires criminelles relatées dans les journaux du monde entier. Des textes courts, sobres, sans fioritures ni détails morbides inutiles, mais la réalité brute des faits. L'idée intéressante de Stéphane Bourgoin est de montrer l'union fascinante et troublante entre le crime et le cinéma. Toutefois, il précise que si quelques-uns de ces meurtriers se sont inspirés de films, de séries télévisées, de jeux vidéo, il n'en reste pas moins que les autres, dans leur majorité, n'ont pas besoin de modèles fictionnels pour passer aux actes et l'abomination ne s'explique pas toujours par une enfance martyrisée comme on l'imagine un peu trop facilement.

Assez éprouvant mais édifiant !


jeudi 3 octobre 2013

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-NOVEMBRE 2013






"Les Faits Divers dans la Littérature"






"7 FEMMES" de Lydie Salvayre (Perrin)


"7 femmes"
Lydie Salvayre
(Perrin)

Ados / Adultes

Sélectionné pour le Prix Renaudot - Catégorie Essais 2013


Lydie Salvayre est née en 1948 à Autainville. Fille d'exilés espagnols qui ont fuit le franquisme, après une licence de lettres modernes, elle entame des études de médecine et devient médecin-résident dans un hôpital psychiatrique près d'Aix-en-Provence vers la fin des années 1970. En 1983, elle s'installe à Paris et travaille comme psycho-pédiatre dans un dispensaire à Argenteuil. En 1990, son roman "La Déclaration" (Julliard) est salué par la presse. Elle reçoit le Prix Novembre en 1997 pour "La Compagnie des spectres" (Seuil) et ses romans "La puissance des mouches" (Seuil) et "Les belles âmes" (Seuil) sont adaptés pour le théâtre. En 2009, à la demande de France Culture pour le Festival d'Avignon, elle écrit un texte "Matricule des Anges" et elle est accompagnée par le groupe Noir Désir.


Qui sont ces "7 femmes" selon Lydie Salvayre ?
Des femmes pour qui vivre ne suffit pas, pour qui écrire est toute la vie, dont l'oeuvre est l'existence.
Contre toute sagesse et contre toute raison, des femmes qui disent non à la meute de loups régents, qu'ils soient politiques, littéraires, ou les deux, et qui l'écrivent à leur façon.
Des femmes qui se jettent dans la passion sans attendre que le contexte leur soit favorable.
Des femmes qui endurent les blâmes, les réprobations, les excommunications, ou pire, l'ignorance d'une société encore dominée par les hommes.
Des femmes pour qui douleur et création sont liées, pour qui écrire et vivre est une seule et même chose, pour qui vivre sans écrire revient à mourir.
Des femmes, comblées de tous les dons du ciel, qui vécurent presque toutes un destin malheureux, vécurent là où il ne fallait pas, quand il ne fallait pas, et souffrirent d'une douleur "d'être".

"Suivre aveuglément un appel. Mais de qui, mais de quoi ?"
s'interroge Virginia Woolf.


Emily Brontë (1818 - 1848)
Romancière et poète britannique. "Son livre horrifie. Sa brutalité horrifie." écrit Lydie Salvayre. Pour Emily Brontë, la souffrance et la violence, c'est exister. Elle meurt de tuberculose à tout juste 30 ans.

"Les Hauts de Hurlevent" (Le Livre de Poche/Classiques)

"Regardant vers un monde divisé en un gigantesque désordre, Emily Brontë sentit en elle le pouvoir de l'unir en un livre."  -  Virginia Woolf



Djuna Barnes (1892 - 1982)
Journaliste et écrivain américaine. Femme de tempérament, décomplexée, orgueilleuse, violente, insupportable, cruelle avec son entourage, elle passe une majeure partie de sa vie à Paris, à Montparnasse, au milieu des intellectuels français et américains. De retour aux Etats-Unis, son caractère fort et intolérant l'isole de toute vie culturelle et sociale. Elle meurt seule à 90 ans.

"Journal d'une enfant dangereuse" - Nouvelles - (L'Arche)
"Pièces en dix minutes" (L'Arche)


Sylvia Plath (1932 - 1963)
Poète américaine, épouse et secrétaire du poète britannique Ted Hughes. Si ce dernier se fait un nom dans le monde des lettres, elle, passe de désillusions en désespoir mortifère. Blessée par tant d'indifférence, trompée par son mari, seule avec ses deux enfants dans une détresse totale, elle met fin à ses jours. Elle n'a que 31 ans. Ce n'est qu'à titre posthume qu'elle recevra succès et récompenses, notamment le Prix Pulitzer pour l'ensemble de son oeuvre.

"Oeuvres : poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux" (Gallimard/Quarto)



Colette (1873 - 1954)
"Plus que sur toute autre manifestation vitale, je me suis penchée toute mon existence sur les éclosions... Le monde m'est nouveau à mon réveil chaque matin et je ne cesserai d'éclore que pour cesser de vivre."
Colette, femme de tous les paradoxes : mondaine et sauvage, sévère et tendre. Mais surtout audacieuse, impertinente, insolente, gourmande, amoureuse, vivante.




Marina Tsvetaeva (1892 - 1941)
"Tout, l'écriture exceptée, n'est rien."
Elle est l'un des plus grands écrivains russes du XXème siècle, dit-on d'elle depuis sa mort. Mais avant, son destin n'est qu'une succession dévastatrice de désespoir et d'horreur. Orpheline de mère à 14 ans, passionnée de littérature française, publiée à 18 ans, femme de convictions et d'aucune concession, elle épouse Sergueï Efron en 1912. Le couple a deux filles, Ariadna (1912) et Irina (1917). Sergueï s'engage dans l'armée blanche. Les conditions de vie sont terribles et Irina meurt de faim. Elle n'a que 3 ans. Les temps sont durs pour les poètes à Moscou. Apprenant que son mari est vivant à Prague, Marina décide de le rejoindre. Elle vit douloureusement son exil, de 1922 à 1939, entre Berlin, Prague et Paris. Elle se confie dans de magnifiques lettres à Rainer Maria Rilke, mais surtout à son grand ami Boris Pasternak. Pourtant, elle continue de publier ses poèmes. Bisexuelle, amoureuse passionnée, un enfant naît en 1925 à la paternité biologique incertaine. Gueorgui. Mour pour sa mère. Gagnée aux idées bolcheviques, Ariadna retourne en URSS en 1937. Sergueï également. Seule avec Mour à Paris, Marina les rejoint en 1939. La même année, Ariadna est arrêtée, torturée, obligée de dénoncer son père, perd le bébé qu'elle attend, et est envoyée au goulag pendant seize ans. Sergueï est arrêté, torturé, mais il refuse de dénoncer sa femme. Atterrée par ce qu'est devenu son pays, Marina se pend en 1941, en laissant une lettre à son fils adolescent. Elle avait 49 ans. Son corps est enterré dans la fosse commune. Sergueï est fusillé quelques mois plus tard.

"Il ne s'agit pas du tout de : vivre et écrire, mais vivre-écrire, et écrire, c'est vivre."

"Oeuvres : Tome 1 - Prose autobiographique" (Seuil)
"Oeuvres : Tome 2 - Récits et essais" (Seuil)
"Marina Tsvetaeva, ma mère" d'Ariadna Efron (Editions des Syrtes)


Virginia Woolf (1882 - 1941)
Ecrivain britannique, faite de contradictions et de violents accès de mélancolie, rongée par les doutes sur sa vie, sur son oeuvre, sur ce que les autres pensent d'elle, solitaire, elle travaille, lit et écrit sans relâche. Elle épouse l'écrivain Leonard Woolf qu'elle estime et respecte infiniment. Ensemble ils fondent une maison d'édition, la Hogart Press. Mais c'est de l'écrivain Vita Sackville-West que Virginia Woolf est amoureuse. Malgré un très honnête succès et une reconnaissance de son oeuvre de son vivant, le monde bascule dans l'horreur et la peur épouvantable de sombrer dans la folie auront raison de ses forces. A 59 ans, elle se suicide dans les eaux de la rivière Ouse, les poches remplies de pierres.

"Une chambre à soi" (10/18)
"Mrs Dalloway" (Folio Classique)
"Correspondance 1923 - 1941" de Vita Sackville-West et Virginia Woolf (Le Livre de Poche/biblio)


Ingeborg Bachmann (1926 - 1973)
Poète, nouvelliste et romancière autrichienne. Son père, membre du Parti National-socialiste, a fait partie du noyau dur des nazis de Carinthie. Bien qu'étant enfant en cette période noire, Ingeborg Bachmann portera toute sa vie sur ses épaules le poids de la Shoah et des monstruosités auxquelles a participé son père. Elle déteste l'Autriche qu'elle fuit constamment : Paris, Londres, Berlin, Francfort, Zurich, Naples et Rome. Belle, réservée, timide, tous les regards se posent sur elle et il se dégage d'elle un charisme unique. Habitée par son grand amour, le poète juif Paul Celan (qui se suicide en 1970), elle attend beaucoup du monde à venir. Elle meurt brûlée vive dans une chambre d'hôtel à Rome. Assommée de somnifères, elle se serait endormie en oubliant d'éteindre sa cigarette.

"Malina" (Seuil)
"Oeuvres" (Thesaurus/Actes Sud)
"Journal de guerre" (Actes Sud)


Mon avis :
Une liberté d'écriture et de ton qui donne un ensemble assez inégal, mais la sincérité de l'amour et de la passion de l'auteur pour ces sept artistes est une évidence. Son admiration pour leur oeuvre et pour leur destin est communicative. Elle donne envie de lire, et c'est bien là l'essentiel !

Un ouvrage très intéressant à découvrir et à partager !


COLETTE

La grande dame brune de la littérature
On se l'imagine toujours entourée de chats, la plume à la main, rêveusement appuyée sur son poing, la mine à la fois mélancolique et insolente, sous la tignasse brune. Grande dame de la littérature, Colette mit longtemps à être reconnue comme telle. Pourtant son écriture n'a pas pris une ride. Emerveillée par la nature, comme elle l'était par la vie, mue par un élan incroyable. Passionnée par tout ce qu'elle put entreprendre, Colette était d'abord une écrivaine appliquée, passant des heures à la table de travail pour sculpter d'un ton limpide des histoires au charme lumineux, autant de bribes du puzzle d'une vie enflammée.

Parfums de scandales
1873 - Sidonie Gabrielle Colette naît à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne). La maison natale conservera une place idyllique dans l'imaginaire de Colette. Son enfance est marquée par le ravissement de la nature et une découverte émerveillée de la littérature.
1893 - A vingt ans, Colette, qui a pris pour prénom le nom de son père, épouse Henri Gauthier-Villars, dit Willy, homme de lettres et Don Juan invétéré. Ils s'installent à Paris et fréquentent les salons que Colette ravit avec ses souvenirs d'enfance. Willy la pousse à rédiger ces récits et publie, sous son propre nom, la série des "Claudine". Il lui en restituera la maternité en 1909. Les romans porteront alors les deux noms.



1906 - Colette et Willy se séparent. Elle fait scandale au Moulin-Rouge en se dénudant dans "Rêve d'Egypte" avec la marquise de Belbeuf, surnommée Missy, avec laquelle elle entretient une liaison.




1912 - Mort de sa mère, Sido. Enceinte, Colette épouse Henry de Jouvenel. Leur fille, Colette, surnommée Bel-Gazou, naît en 1913.
1923 - Parution du "Blé en herbe". Colette entretient alors une relation avec son beau-fils, Bertrand de Jouvenel. Se dessine-t-elle à travers la Dame en blanc qui séduit le jeune Philippe ? Le couple divorce en 1925.

1936 - Colette publie "Mes apprentissages", son autobiographie. L'année suivante, elle s'installe avec Maurice Goudeket dans l'appartement du Palais-Royal, à Paris, où elle finira ses jours.
1943 - Parution de "Gigi", qui sera adapté à Broadway avec Audrey Hepburn. En 1945, Colette est élue à l'Académie Goncourt.
1954 - Paralysée depuis plusieurs années par une sévère arthrose, elle meurt le 3 avril. L'Eglise lui refuse un enterrement religieux mais l'Etat lui organise des funérailles nationales dans la cour du Palais-Royal.


Sido
Sidonie, la mère de Colette, est un personnage central de l'oeuvre et de la vie de l'écrivaine. Femme généreuse et lumineuse, elle a appris à sa fille à s'émerveiller de la nature et lui a surtout transmis le goût de la liberté. Colette lui rend hommage dans "Sido" mais aussi dans "Naissance du jour".

Figures de femmes

Qui mieux que Colette a su dépeindre les aspirations et les sentiments des femmes de son temps, en quête de liberté, de reconnaissance, mais aussi d'amour et de sensualité ? On connaît Claudine, l'adolescente naïve et intrépide ; mais aussi Gigi, éduquée pour faire son entrée dans le monde ; Renée, qui vit la bohème, de théâtres en cabarets dans "La vagabonde" ; et Vinca, qui, dans "Le blé en herbe", voit l'enfance et ses innocentes amours s'éloigner.


Gourmande touche-à-tout
Ecrivaine, comédienne, Colette fut aussi une journaliste prolifique. En 1932, elle ouvre également un magasin de produits de beauté rue Saint-Honoré, à Paris ! Elle mène tout avec une insatiable curiosité et un appétit d'expériences, une intense soif de vivre, hérités de sa mère.

Marie-Valentine Chaudon
Magazine Muze - Juillet 2008





"LE BLE EN HERBE" de Colette (Librio)


"Le blé en herbe"
Colette
(Librio)

Ados / Adultes


L'histoire :
Phil et Vinca se retrouvent, comme chaque été depuis leur enfance, en Bretagne, au bord de la mer. Mais cette année, quelque chose a changé. Leurs jeux ne sont plus aussi joyeux ni spontanés. Les deux jeunes gens ont seize et quinze ans. Ils sont gênés, rougissants, silencieux. A côté de Phil, déstabilisé par une vague de sensualité qu'il ne contrôle pas, Vinca semble étrangement sage et raisonnable, un peu trop adulte, ayant déjà tiré un trait sur sa jeunesse. Phil cherche à comprendre, lorsqu'il croise le chemin d'une mystérieuse Dame en blanc...

Mon avis :
Les mots de Colette éveillent tous nos sens. Ses descriptions "innocentes" et poétiques de la nature, en parallèle avec les émois amoureux et les tressaillements de deux adolescents, sont d'une sensualité bouleversante : la moiteur de l'été, la rosée sur les jeunes feuilles vertes, les boutons qui s'offrent au jour, le blé mur prêt à couper... Juste délicieux !
Mais avec la découverte de la passion et de l'initiation à l'amour, Colette n'écarte pas la nostalgie de voir l'enfance s'éloigner, de perdre déjà un pan de sa vie, ni la douleur d'un sentiment non partagé.

Magnifique !!!


"LE FANAL BLEU" de Colette (Fayard)



"Le fanal bleu"
Colette
(Fayard)

Ados / Adultes


Colette nous affirme, ou tente de se persuader elle-même, que l'âge n'a aucune prise sur les sens. "Rien ne dépérit, c'est moi qui m'éloigne", dit-elle. Pourtant... c'est bien avec nostalgie, amertume et tristesse parfois, qu'elle confie, sous la douce complicité tamisée de son fanal recouvert de papier bleu, quelques pages de sa vie : son pupitre-table bricolé qui l'accompagne partout depuis un quart de siècle ; ses proches qui l'ont quittée pour toujours ; les gourmandises de Genève ; les douceurs de Bruxelles ; son ancienne maison et les délices ensoleillés de Provence ; ses chats, ses chiens, et tous ses "visiteurs du soir", animaux de passage au Palais-Royal ; le jardin d'enfants ; la nature, présente dans toute son oeuvre ; se pâmer pour un bon vin ; la joie d'aller au théâtre ; la douleur physique qui la cloue à son fauteuil ; ses voisins attentionnés, Jean Marais et Jean Cocteau ; l'anniversaire de ses soixante-quinze ans ; les lettres et les cadeaux étonnants qu'elle reçoit chaque jour ; ses mots merveilleux qui nous mettent les larmes aux yeux sur son amie de toujours, Marguerite Moreno, son âme-soeur, cinquante années de bonheur et de fidélité que la mort a brisées ; les bijoux en or, seul luxe auquel elle avoue succomber ; le feu dans la cheminée qui rythme ses jours et ses nuits ; ses insomnies ; le clap de fin lorsque l'on pose l'outil d'écriture...

Dernier ouvrage de Colette. Un texte intime et bouleversant d'une amoureuse de la vie jusqu'au dernier mot. Très émouvant !