jeudi 17 décembre 2015

Clin d'oeil...








Très Joyeuses Fêtes à tous !!!

Prochaines présentations : début février 2016





Rentrées Littéraires
Automne 2015 - Janvier 2016



"Le livre de Dina" + "Fils de la Providence" + "L'héritage de Karna" de Herbjorg Wassmo (Gaïa)


Herbjorg Wassmo est née en 1942 dans le nord de la Norvège. Ancienne institutrice, elle se consacre depuis plus de vingt ans à une oeuvre littéraire particulièrement prolifique : livres pour enfants, théâtre, poésie, romans... Elle connaît un succès populaire mondial exceptionnel grâce à la "Trilogie de Tora" et au "Livre de Dina". Elle est aujourd'hui l'écrivain la plus lue en Scandinavie. Ses sagas, à la fois poétiques, pudiques et réalistes, mettent en scène des personnages blessés, tourmentés, en proie aux passions humaines, aux drames familiaux, aux mystères de l'existence et à la soif de liberté. Et puis il y a la Norvège, entre terre, mer et montagnes, que Herbjorg Wassmo dépeint comme personne : sa beauté, sa violence, ses fjords, sa nature sauvage battue par les vents, les caprices de la mer et du climat.

Herbjorg Wassmo a reçu le prix Jean Monnet de la littérature européenne du département de la Charente en 1998 pour "Ciel cruel" (Actes Sud).

Le Prix Jean Monnet de la littérature européenne est un prix littéraire décerné depuis 1995 qui récompense un auteur européen pour un ouvrage écrit ou traduit en français, parrainé et doté par le Conseil Général de la Charente. Le jury est composé d'écrivains, de critiques littéraires et de journalistes (dont Patricia Martin, journaliste à France Inter et critique littéraire au "Masque et la plume", et Henriette Walter, professeur émérite de linguistique).

A lire également : 
"Cent ans" (Gaïa)


"Le livre de Dina"

L'histoire
Automne 1844 dans le nord de la Norvège. Dina, jeune seconde épouse de Jacob, seule à savoir maîtriser le cheval fougueux Lucifer, conduit elle-même chez le médecin, de l'autre côté de la montagne, son mari souffrant de gangrène. Mais le propriétaire du domaine de Reinsnes ne verra jamais le docteur. Quelques heures plus tard, Dina est de retour à la ferme, chevauchant Lucifer à une allure folle. Le traîneau transportant son mari a basculé dans un précipice. Depuis ce jour, Lucifer devient fou à la vue d'un traîneau, Dina perd totalement l'usage de la parole et son comportement fantasque soumet son entourage à rude épreuve. Que s'est-il donc passé dans la montagne ?
Dina est née dans une famille de la bonne société norvégienne, un papa commissaire de police et une maman aimante et douce. Malheureusement, l'année de ses cinq ans, Dina perd sa mère dans un tragique accident domestique dont elle est bien involontairement responsable. Coupable aux yeux de son père, la petite fille est rejetée, ballottée d'un endroit à un autre, livrée à elle-même et peu éduquée. Lorsqu'elle atteint enfin ses seize ans, son père la marie à son meilleur ami, Jacob, veuf de près de cinquante ans et maître du domaine de Reinsnes, comptoir norvégien qui vit du commerce maritime. Deux ans plus tard, Jacob disparaît dans les eaux d'un torrent glacé...

Mon avis :
Une écriture d'une beauté féroce. Une aventure romanesque captivante. Une très belle évocation de l'Histoire de la Norvège du XIXème siècle. Des descriptions extraordinaires d'une nature étourdissante de dureté, de pureté et de liberté. Dina, enfant blessée, se transforme en une jeune femme sauvage, sensuelle, redoutable et affranchie de toute entrave. Des personnages qui gravitent autour d'elle, y compris ses fantômes, aucun n'est secondaire. Ils ont tous leur importance dans ses expériences de la vie. Dans ce roman, Herbjorg Wassmo nous conte bien plus qu'un destin douloureux et ardent. Elle nous brosse le portrait d'une enfant toute seule et délaissée face à un deuil terrible. Elle nous démontre les conséquences tragiques de la lâcheté des adultes dans leur silence, et du poids de la morale et de la religion sur le comportement de la petite fille, sur sa sociabilisation, sur son apprentissage du langage, sur ses dons ignorés.

Une scène magnifique, qui n'est pas sans rappeler "Le festin de Babette" de Karen Blixen, celle d'une fête informelle organisée juste après un incendie réunissant tous ceux qui ont aidé à le circonscrire, fête à laquelle le lecteur est chaleureusement convié et qui éveille délicieusement tous les sens.


Tiré de ce roman, en 2003, "Dina", film du danois Ole Borneda, avec Gérard Depardieu, Maria Bonnevie ("Belle du Seigneur"), Christopher Eccleston ("Docteur Who"), Mads Mikkelsen ("Casino Royale", "Hannibal") et Pernilla August ("Star Wars Episodes I et II").



"Fils de la Providence"

L'histoire :
Comme une forme de malédiction, Benjamin, onze ans, fils de Dina et de feu Jacob, est témoin d'une scène terrifiante impliquant sa mère dans la mort de son amant russe, Léo. Dina, enceinte de Benjamin à la mort de son mari, elle-même orpheline de mère et rejetée pendant son enfance, n'a jamais su et ne saura jamais aimer son petit garçon pourtant avide d'affection, et malgré le lourd secret qui les lie. Heureusement pour Benjamin, sa grand-mère Karen lui transmet l'amour des livres, et Anders, le marin, ne fuit aucune question.
Bien des années plus tard, Benjamin, à présent médecin, reçoit une lettre étrange qui lui demande de venir chercher le violoncelle de Dina à Berlin...

Mon avis :
Si "Le livre de Dina" évoque l'initiation à la vie d'une petite fille blessée, "Fils de la Providence" suit l'initiation à la vie d'un petit garçon blessé, héritier des fantômes de sa mère. Si l'avenir d'une fille se résumait, à cette époque, au mariage, à l'entretien d'une maison et à procréer, le garçon, lui, devait être fort, viril et être capable de nourrir une famille. Aucune faiblesse (et la lecture en était une) ne lui était autorisée. Loin de l'esprit aventureux et des paysages grandioses du premier tome, "Fils de la Providence", écrit en grande partie à la première personne du singulier, est beaucoup plus intime, intérieur. L'histoire se concentre autour de Benjamin, sa sensibilité, son besoin d'être aimé, sa peur de l'abandon et sa soif inépuisable d'apprendre. Des dialogues savoureux sur la philosophie, l'art et la parentalité. Beaucoup de tristesse et de nostalgie dans cette seconde partie mais une très belle étoile d'espoir à la fin.

Encore un clin d'oeil à Karen Blixen à travers le personnage de la très cultivée grand-mère Karen.


"L'héritage de Karna"

L'histoire :
Karna, jeune infirmière, meurt en couches dans les bras de Benjamin, impuissant à la sauver bien que médecin. Ce n'est que quelques semaines plus tard que l'homme apprend qu'il est le père de l'enfant. Les yeux de la petite ne laissent aucun doute sur cette paternité. Assumant ses responsabilités, Benjamin revient en Norvège, à Reinsnes, sur les terres de sa famille, avec sa fille Karna. En chemin, il retrouve Hanna, son amie d'enfance venue l'aider à prendre soin du bébé. Hanna, jeune veuve, mère d'un garçon de trois ans, a perdu la spontanéité de son enfance et son sourire. Benjamin ne la reconnaît plus. Le temps lui a échappé pendant ses années d'études à Copenhague, au Danemark. Pourra-t-il un jour rattraper ce temps perdu ?

Mon avis :
Après "Le livre de Dina" sur le thème de l'enfance, "Fils de la Providence" sur le thème de la paternité, voici "L'héritage de Karna" dont le thème est dans le titre : l'héritage. Bien évidemment, il y a l'héritage familial. Mais à l'aube de la révolution industrielle (on pourrait aussi transposer cette histoire de nos jours), il y a également l'héritage que la société transmet à ses jeunes. L'héritage culturel, social, économique, scientifique, industriel, environnemental, architectural, urbain... Ces dernières pages des aventures de Dina et de tous les autres personnages auxquels nous nous sommes grandement attachés sont beaucoup plus sombres et sans doute un peu pessimistes. Les générations passent, les blessures, les secrets, les ambitions, les déraisons, se répercutent et touchent injustement ceux qui n'en sont pas responsables, les héritiers.

Très belle histoire familiale âpre, féministe, écologiste, réaliste et puissante !

"Patte de velours, oeil de lynx" de Maria Ernestam (Gaïa)


Maria Ernestam est née en 1959 en Suède. Elle vit à Stockholm. Eclectique, elle a multiplié les expériences artistiques (chanteuse, danseuse, mannequin, comédienne, journaliste) avant de privilégier l'écriture. Elle est l'auteur de "Toujours avec toi", "Les oreilles de Buster" et "Le peigne de Cléopâtre".

L'histoire :
Sara, Björn et leur chatte Michka quittent la civilisation trépidante pour s'installer douillettement à la campagne dans une charmante maison fraîchement rénovée. Leurs voisins les plus proches, Agneta, Lars et leur chat Alexander les accueillent avec gentillesse. Tout laissait présager des relations sympathiques s'il n'était le caractère querelleur d'Alexander...

Mon avis :
Les personnages ont tous un point commun : ils ont un chat, animal indépendant et indomptable. Tout commence comme une comédie cocasse et chaleureuse mais l'histoire se transforme vite en cauchemar. Frissons exquis !

"L'enfer de Church Street" de Jake Hinkson (neonoir/Gallmeister)



Jake Hinkson est né en 1975 dans une famille baptiste stricte et fondamentaliste du Sud des Etats-Unis (Arkansas). Voué à être probablement prêcheur comme son père, il traverse une profonde crise religieuse durant sa première année de fac. Plus tard, il abandonne complètement l'Eglise. Il travaille dans une librairie, reprend ses études, goûte à l'alcool. Fan de polars noirs, après dix ans d'enseignement, il publie un recueil regroupant ses articles consacrés au cinéma et un premier recueil de nouvelles.

L'histoire :
Sur le parking désert d'une station Texaco à la sortie de la ville de Sallisaw, en Oklahoma, une petite frappe braque un homme gros, à l'allure inoffensive. Mais Geoffrey Webb n'a rien d'une proie facile. C'est un dur à cuire. Le braqueur n'est plus alors celui qui tient l'arme mais celui qui tient le volant du break pourri. L'obèse propose un marché à son agresseur : en échange de trois mille dollars (son portefeuille est plein à craquer de billets), lui tenir compagnie pendant quatre heures, jusqu'en Arkansas, pour parler. Juste parler.
Geoffrey Webb a connu une enfance difficile. Puis, à l'âge de quinze ans, son oncle, fervent pratiquant baptiste, le prend sous son aile. L'adolescent découvre alors le véritable fonctionnement d'une église, le business de la religion, et décide que ce sera là un avenir très lucratif pour lui. Après ses études supérieures, Geoffrey est nommé aumônier à Little Rock, en Arkensas, où il est chargé d'encadrer un groupe de jeunes. La partie peut commencer. Première étape : séduire la fille du pasteur...

Mon avis :
Voici l'histoire d'un jeune homme ambitieux qui pense pouvoir profiter de la naïveté de gens sincères dans leur foi conservatrice. Mais il va très vite être dépassé par les événements et va sombrer inexorablement dans la spirale du mal et de la violence jusqu'à ce que la peur, la médiocrité et le cynisme annihilent toute étincelle de vie. L'écriture pleine de colère et de douleur résonne comme une revanche. L'enfer sur terre existe bien : ses flammes sont à Church Street.

Un premier roman redoutablement efficace !

"Le Pape, le Kid et l'Iroquois" - Anonyme (Sonatine)



L'auteur :
Ecrivain britannique anonyme, fou et génial. Voilà tout ce que l'on sait de lui. Le reste n'est que rumeurs. Toutefois, si vous voulez tout connaître de son actualité et approcher d'un petit peu plus près cet ovni littéraire, likez vite sa page Facebook ! Vous ne serez pas déçus, M. Mystère est un amour avec ses lecteurs...



Au commencement, il y eut... "Le Livre sans Nom" (Sonatine)...


Aux Etats-Unis, près de la frontière mexicaine, à Santa Mondega, petite ville qui n'existe sur aucune carte, un étranger, voix rocailleuse, petite trentaine, gueule d'ange sous sa cape noire, entre dans le miteux "Tapioca Bar", tenu par Sanchez Garcia. C'est le début d'une semaine de carnage, des centaines de personnes abattues froidement et atrocement par "l'homme à la capuche", le Bourbon Kid.

Cinq ans plus tard, des meurtres horribles sont à nouveau perpétrés. Deux jeunes moines de l'île d'Hubal, Kyle et Peto, sont envoyés par le Père Taos à Santa Mondega pour récupérer par tous les moyens, avant la fête de la Lune, une pierre précieuse et magique, "L'oeil de la Lune". La survie du monde en dépend.
Parallèlement, Miles Jansen, inspecteur en chef des enquêtes surnaturelles, arrive lui aussi à Santa Mondega à la demande du gouvernement américain. Il est assisté d'un policier local, Archie Somers, dit "l'emmerdeur", inspecteur en préretraite, obsédé depuis cinq ans par sa chasse au Bourbon Kid...

Les suites indispensables...

- "L'oeil de la Lune"
- "Le cimetière du Diable"
- "Le Livre de la Mort"




Puis entre en scène un nouveau personnage, l'Iroquois, dans "Psycho Killer" (Sonatine)...

Un mystérieux tueur en série, dissimulé derrière un affreux masque jaune et coiffé d'une crête rouge, sème la terreur à B. Movie Hell. Ses crimes sont d'une sauvagerie extrême. Deux agents du FBI, Jack Munson et Milena Fonseca, sont envoyés sur les lieux pour aider la police locale. Mais ils ne sont pas les bienvenus. La petite ville en apparence tranquille cache peut-être des secrets plus effrayants que l'Iroquois...


Nouvelle aventure : "Le Pape, le Kid et l'Iroquois" (Sonatine)...

Quand deux psychopathes sanguinaires se rencontrent, vous craignez le pire ? Vous avez raison...

Perdue sur une route de campagne, au milieu de nulle part, roulant sous une pluie battante, en pleine nuit, Diane aperçoit enfin une station-service, peu avenante mais seul signe de vie depuis des dizaines de kilomètres. Elle s'arrête, demande le plein de la voiture et boit un café réconfortant quand soudain la porte de la boutique s'ouvre sur un homme, grand, baraqué, veste de cuir rouge, masque jaune, tête de mort, crête rouge. L'Iroquois...

Mon avis (du "Livre sans Nom" à "Le Pape, le Kid et l'Iroquois") :

Du 312ème degré assumé !!!
Un grand n'importe quoi parfaitement organisé et maîtrisé !
Fantastique, science-fiction, romance, gore, thriller, roman noir, western, parodie, kitch, comédie, comédie musicale... Fantômes, médiums, sosies, momies, vampires, loups-garous, zombies, monstres, serial-killers, clows inquiétants, tueurs à gages, mafieux, ripoux, agents secrets, rebelles au grand coeur, un pape improbable... Armes de tous poils, courses-poursuites musclées, bourre-pifs et hémoglobine à flots... Mélange des genres, mélange des influences, mélange des générations, chaque lecteur y trouve son compte... C'est rock, pop, disco... Du roman à l'écran... De l'écran au roman... Le tout défile à un rythme d'enfer... Pas le temps de faire une pause... C'est clair ! Ces aventures fantasmagoriques ne font pas dans la dentelle... mais qu'est-ce que c'est bon !!!
Très habile de sa plume : côté pointe d'acier, l'auteur met en scène nos pires cauchemars et ne nous épargne aucune horreur ; côté duvet, il prend un plaisir sadique et jubilatoire à nous titiller les zygomatiques malgré toute cette tuerie. C'est très malin ! On aime ça ! La bande des Dead Hunters nous manque dès la dernière ligne... Qu'elle nous revienne au complet très très vite !!!



A lire aussi (e-book seulement pour la version française) :

"Sanchez - Un conte de Noël" (Sonatine)