jeudi 15 décembre 2016

Joyeuses Fêtes à tous !!!



          Très Joyeux Noël !!!

                              Et très belle Année 2017 à tous !!!

Prochaines présentations : début janvier 2017



                    Nouvel An
                    Premier instant
                    Premier roman


J.K. Rowling


Joanne Kathleen Rowling est née en 1965 en Grande-Bretagne, à Yate, Gloucestershire.

Après des études de langue et de littérature française à l'université d'Exeter (1983-1987), elle travaille à Londres pour Amnesty International. Elle habite alors à Manchester et c'est au cours d'un trajet en train qui l'amène à son bureau qu'en 1990, l'image d'un petit garçon brun à lunettes lui vient à l'esprit. Harry Potter est né.

Hélas, la même année, sa mère succombe à une sclérose en plaques à l'âge de quarante-cinq ans. Sous le choc, Joanne Rowling part enseigner l'anglais à Porto (Portugal) où elle épouse un journaliste sportif portugais. Le mariage est catastrophique. Après son divorce en 1995, elle revient avec sa petite fille, Jessica, âgée de deux ans, à Edimbourg, en Ecosse, auprès de sa soeur Diane. Malgré une situation matérielle précaire (elle vit d'allocations), elle poursuit opiniâtrement la rédaction des aventures de Harry Potter.

Econduite par un premier agent littéraire, elle tente sa chance auprès d'un second qui accepte de l'accompagner dans sa quête d'un éditeur. Après avoir essuyé plus d'une dizaine de refus, elle signe finalement un contrat en 1996 avec la maison d'édition londonienne Bloomsbury, dont le département pour la jeunesse vient d'être créé. Le livre était alors destiné "aux garçons" et le département marketing invite Joanne Rowling à choisir un nom d'auteur masquant son identité féminine. La romancière choisit les initiales J.K.  pour Joanne Kathleen, en souvenir de sa grand-mère.

Le premier tome, "Harry Potter à l'école des sorciers", sera publié en 1997. La suite est un véritable conte de fée. Ses sept aventures de Harry Potter sont lues par des millions d'enfants dans le monde entier. Les mille pages de chacun des trois derniers volumes n'ont absolument pas effrayé les lecteurs "ensorcelés" de tome en tome. Les enseignants eux-mêmes reconnaissent que de nombreux enfants ont découvert le plaisir de lire grâce à J.K. Rowling. Poussées par cette déferlante magique, toutes les maisons d'édition pour la jeunesse ont dû renouveler leurs productions et répondre à la demande d'un nouveau lectorat sérieux et exigeant.

Les films tirés des romans reçoivent le même immense succès, ainsi que tous les produits dérivés. Sa notoriété permet à J.K. Rowling de soutenir de nombreuses actions caritatives. En 2001, elle épouse le Docteur Neil Murray et le couple a deux enfants, David et Mackenzie.

Son premier roman pour adultes, "Une place à prendre", paru chez Grasset fin 2012, n'a pas été bien accueilli ni par les critiques, ni par le public. Les droits ont néanmoins été achetés par la BBC et la mini-série était très réussie.

"The Casual Vacancy" ("Une place à prendre"),
série réalisée par Jonny Campbell
avec Michael Gambon et Julia McKenzie

Puis, en 2013, "L'Appel du Coucou" est arrivé dans les librairies britanniques. Quelques journalistes se sont étonnés que ce polar bien maîtrisé puisse être l'oeuvre d'un écrivain débutant, Robert Galbraith. Trois mois et quelques articles élogieux plus tard, le Sunday Times révélait que derrière Robert Galbraith se cachait en réalité J.K. Rowling. Ce roman met en scène un détective privé, handicapé, vétéran de la guerre d'Afghanistan, Cormoran Strike, et sa secrétaire, Robin Ellacott. L'intrigue permet à l'écrivain d'évoquer des thèmes qu'elle connait bien et qui lui sont chers : les injustices sociales, les revers de la célébrité et la responsabilité (ou l'irresponsabilité) de certains médias.

Le succès est immédiat. Les lecteurs reconnaissent l'écriture de J.K. Rowling, sa fine analyse sociologique et psychologique, son univers, son talent de conteuse, et tombent sous le charme des deux personnages principaux très attachants.

Un second tome suivra en 2014, "Le ver à soie", dans lequel la romancière décrit sans complaisance le métier d'écrivain et le monde de l'édition. Les admirateurs de Cormoran Strike sont de plus en plus nombreux, de plus en plus enthousiastes, et de plus en plus impatients de suivre ses aventures.

J.K. Rowling accorde peu d'interviews et vit retirée en Ecosse. Pour la jeunesse, elle est également l'auteur du "Quidditch à travers les âges" (2001), des "Animaux fantastiques" (2001) et des "Contes de Beedle le Barde" (2008), tous liés à la saga "Harry Potter".


"Les Animaux fantastiques"
Film de David Yates avec Eddie Redmayne, sorti en salles le 17 novembre 2016

"Harry Potter et l'enfant maudit" - Parties un et deux - D'après une histoire originale de J.K. Rowling avec John Tiffany et Jack Thorne - Pièce de théâtre de Jack Thorne - (Gallimard)


L'histoire :
A la gare de King's Cross, à Londres, James et Albus, les deux fils aînés de Ginny et Harry Potter, s'apprêtent à grimper dans le Poudlard Express. C'est la première fois pour Albus. Le jeune garçon est très angoissé d'être envoyé à la Maison Serpentard par le Choixpeau magique. Son père tente de le rassurer mais les moqueries de James ne l'aident pas. Heureusement, dans le train, Albus retrouve sa cousine, Rose, la fille d'Hermione et Ron Weasley, et il fait la connaissance de Scorpius Malefoy. Si être le fils du célèbre Harry Potter est souvent lourd à porter, être un Malefoy n'est guère plus enviable. Scorpius en souffre d'autant plus qu'il vient de perdre sa mère et qu'une épouvantable rumeur circule à son sujet : il serait le fils de Voldemort, le Seigneur des Ténèbres...

Mon avis :

On retrouve avec un immense plaisir et une grande émotion tous les personnages les plus emblématiques de la saga. Notre émerveillement est intact. L'alchimie fonctionne toujours aussi bien, tout simplement parce que J.K. Rowling a su créer un univers fantastique aux valeurs universelles d'humanité, de fraternité, de lutte contre le Mal, où les héros ont aussi leurs faiblesses et doivent unir leurs forces et leur intelligence pour vaincre.

"Harry Potter et l'enfant maudit" n'est pas le huitième tome de la série mais le script de la pièce de théâtre jouée à guichets fermés à Londres depuis le 30 juillet 2016 au Palace Theatre. Le regret d'une écriture à six mains est qu'il nous manque la liberté de J.K. Rowling. L'histoire est parfois un peu légère. Néanmoins elle nous séduit et nous envoûte totalement.

Un texte enchanteur et magique !



"La Carrière du Mal" de Robert Galbraith (J.K. Rowling) (Grasset)



Lorsqu'en 2013, "L'Appel du Coucou" est arrivé dans les librairies britanniques, quelques journalistes se sont étonnés que ce polar bien maîtrisé puisse être l'oeuvre d'un écrivain débutant, Robert Galbraith. Trois mois et quelques articles élogieux plus tard, le Sunday Times révélait que derrière Robert Galbraith se cachait en réalité J.K. Rowling.

Ce roman met en scène un détective handicapé, vétéran de la guerre d'Afghanistan, Cormoran Strike, et sa secrétaire, Robin Ellacott. L'intrigue permet à l'écrivain d'évoquer des thèmes qu'elle connait bien et qui lui sont chers : les injustices sociales, les revers de la célébrité et la responsabilité (ou l'irresponsabilité) de certains médias.

Le succès est immédiat. Les lecteurs reconnaissent l'écriture de J.K. Rowling, sa fine analyse sociologique et psychologique, son univers, son talent de conteuse, et tombent sous le charme des deux personnages principaux très attachants.

Un second tome suivra en 2014, "Le ver à soie", dans lequel la romancière décrit sans complaisance le métier d'écrivain et le monde de l'édition. Les admirateurs de Cormoran Strike sont de plus en plus nombreux, de plus en plus enthousiastes, et de plus en plus impatients de suivre ses aventures.

"La Carrière du Mal" est le troisième roman de... Robert Galbraith.


"Career of Evil" du groupe Blue Oyster Cult, titre tiré de l'album "Secret Treaties" (1974) écrit en collaboration avec Patti Smith.

L'histoire :
Ce lundi matin, lorsque Robin Ellacott, secrétaire du célèbre détective privé Cormoran Strike, quitte son appartement pour se rendre à son travail, elle n'aperçoit pas l'homme qui la suit de près. La jeune femme est surtout préoccupée par la jalousie grandissante de son fiancé, Matthew, et de leurs disputes de plus en plus fréquentes, alors que leurs noces approchent. Arrivée devant la porte de l'immeuble de l'agence, un coursier à moto est déjà là avec un paquet à son nom. Elle attend, en effet, un colis contenant des appareils photo jetables qu'elle a commandés pour le jour de son mariage et dont elle a demandé la livraison au bureau par facilité. Mais quand Robin ouvre le carton, elle ne peut retenir un hurlement. C'est une vision terrifiante et macabre qui s'impose à son regard : une jambe de femme. Accompagnée d'une lettre : les paroles de "Career of Evil" ("La Carrière du Mal"), chanson écrite par Patti Smith il y a quelques décennies pour le groupe Blue Oyster Cult. L'instinct de Strike l'amène à suspecter quatre hommes, dont l'un n'est autre que Jeff Whittaker, son beau-père et assassin probable de sa mère...

Mon avis :
Une écriture toujours aussi visuelle, minutieuse et très détaillée. Une intrigue dynamique, dense et bien menée, construite essentiellement autour des violences faites aux femmes et aux enfants. Leur enquête amène Robin et Strike à s'ouvrir à quelques confidences à propos de leur enfance et de leur jeunesse. Leur personnalité s'étoffe, se révèle un peu plus. Mais pas le temps pour ce duo bien huilé de tomber dans la petite routine d'un vieux couple ! L'arrivée d'un troisième personnage particulièrement détonnant, et que l'on espère récurrent, va lui apporter un souffle nouveau et insolite. On attend avidement le prochain épisode !!!

"Homicide" de Philippe Squarzoni - D'après le livre de David Simon (Delcourt)


Sélection BD Prix SNCF du polar 2017
Tome 1 : "18 janvier - 4 février 1988"
(cinq tomes prévus au total)

Philippe Squarzoni a passé son enfance en Ardèche puis sur l'île de la Réunion, et a suivi des études de Lettres à Lyon. Il a participé à plusieurs actions politiques et humanitaires (Croatie, Mexique, Palestine...). Dans ses albums, il traite de politique mais aussi de sujets durs comme l'infanticide, "Crash-Text", et la mémoire de la Shoah dans "Drancy-Berlin-Oswiecim" (tous les deux sur un scénario de Grégory Ponchard), le handicap mental dans "Les mots de Louise" (écrit par Alexandre Watson), ou le changement climatique dans "Saison brune".

En 1988, David Simon, futur créateur de la série "The Wire" ("Sur écoute"), est alors journaliste au "Baltimore Sun". Pendant un an, il suivra la brigade criminelle de la ville. De cette immersion parmi quinze inspecteurs naît un livre, "Homicide, A Year on the Killing Streets", dans lequel l'auteur laisse la parole aux policiers, une parole sans filtres, brute. Ce sont les témoignages de ceux qui sont au plus près de la violence la plus crue, la plus tragiquement banale, et qui devient leur quotidien, très loin de la représentation qu'en fait Hollywood. Simon écoute, sans jamais les juger, ces flics qui ne comptent pas leurs heures, des êtres humains las, fatigués, désabusés, parfois un brin réactionnaires, racistes ou misogynes. Il dresse un tableau minutieux de la violence urbaine américaine dans les quartiers en détresse.

Cette histoire fait l'objet aujourd'hui d'une bande dessinée, réalisée par Philippe Squarzoni en collaboration avec David Simon, et sélection BD pour le Prix SNCF du polar 2017.

L'histoire :
Baltimore. Lundi 18 janvier 1988. Une heure du matin.
Le sergent Jay Landsman et l'inspecteur Tom Pellegrini, de la brigade criminelle de Baltimore, attendent sur une scène de crime, dans une ruelle sombre de la ville, l'arrivée du médecin légiste. La victime, Rudy Newsome, peut-être un dealer, présente des blessures par balles...

Mon avis :
L'ambiance ressemble aux meilleurs films noirs américains. A une différence près qu'ici, tout est vrai. Construit comme un documentaire, l'album met l'accent, non sur les enquêtes, mais sur "la routine" du métier de flic dans la criminelle. Un graphisme impeccable, sobre, en noir et blanc, teinté parfois de quelques couleurs froides, donne un réalisme saisissant au quotidien de policiers sérieux, professionnels, mais épuisés. Une pointe d'humour grinçant et de cynisme leur permettent de supporter ces violences urbaines récurrentes. Alors que tout paraît si calme, si banal, si ordinaire, la tension est palpable au sein de la brigade, entre chaque agent, et à tous les échelons de la hiérarchie. Car derrière les affaires inscrites au tableau, il y a l'obligation de résultats, mais il y a aussi des tragédies humaines qui touchent les enquêteurs bien plus qu'ils ne le laissent paraître.

Instructif et totalement captivant !!! On attend le deuxième tome avec impatience !

La série "The Wire" ("Sur écoute"), créée par David Simon, raconte, de façon hyperréaliste, le quotidien des flics et des vendeurs de drogue à Baltimore. On y suit les démêlés d'Avon Barksdale et Stringer Bell, chefs de gang trafiquants d'héroïne, aux prises avec Marlo Stanfield, un jeune dealer aux dents longues. Le policier Jimmy McNulty, honnête et sans illusions, les traque, tandis qu'Omar Little, braqueur, homosexuel et franc-tireur, tente en permanence de dévaliser les vendeurs de drogue. Avec Dominic West, Reg E. Cathey, John Doman, Aidan Gillen...

"Les aventures de Blake et Mortimer : Le Testament de William S." de Yves Sente et André Juillard (Dargaud)




Blake et Mortimer sont des personnages créés par le dessinateur et scénariste belge de bandes dessinées Edgar Pierre Jacobs (1904-1987). Après des études aux Beaux-Arts de Bruxelles, ce passionné d'arts lyriques dessine décors et costume pour l'opéra, mais aussi les planches de "Flash Gordon". Puis, il imagine ses personnages désormais célèbres : le professeur Philip Mortimer, savant enthousiaste, le capitaine Francis Blake, militaire rigoureux, et le traître raffiné, le colonel Olrik. 

Jacobs travaille un temps avec Hergé. Ensuite, en 1947, il se consacre uniquement à son oeuvre qui mêle volontiers aventure et occultisme, policier et fantastique, science et science-fiction.

Après sa mort, Jean Van Hamme et Ted Benoît prennent la suite, puis passent le relais à Yves Sente et André Juillard.

Yves Sente et André Juillard
Yves Sente est né en 1964 à Bruxelles. Il étudie d'abord à Chicago avant de se former aux affaires internationales à Louvain-la-Neuve. Après des débuts dans le cartoon en 1986, il devient rédacteur en chef aux éditions du Lombard, puis directeur éditorial. Il est le scénariste des tomes 20 et 24 de "XIII" (2011 à 2016). En 1998, il propose le scénario de "La Machination Voronov". Il récidivera avec plusieurs aventures de Blake et Mortimer.

André Juillard est né à Paris en 1948. Il se fait remarquer dès 1982 avec "Les Sept Vies de l'épervier" où transparaît son goût de l'histoire et de la ligne claire. Avec "Le Cahier bleu", il rafle en 1995 le prix du meilleur album à Angoulême, avant de recevoir le grand prix l'année suivante. Créateur de la collection "Le dernier chapitre" chez Dargaud, il séduit aussi avec "Le Long Voyage de Léna" et le reprise de Blake et Mortimer.

L'histoire :

     Good Lord !
A Londres, depuis quelque temps, de nombreux gentlemen de la bonne société britannique et étrangère se font violemment détrousser de leur argent et objets précieux par des Teddys, une bande de voyous qui opère la nuit.
     Damned !
La situation devient délicate tant pour la sécurité que pour la diplomatie. Aussi, le capitaine Francis Blake, chef du MI5, et Glenn Kendall, inspecteur-chef de Scotland Yard, vont unir leurs forces pour que cessent au plus vite ces attaques.
     For God's sake !
Pour l'heure, Sir Francis Blake et le professeur Philip Mortimer, spécialiste en physique nucléaire, quittent l'appartement qu'ils partagent au 99bis, Park Lane. Ils sont attendus au Royal Albert Hall pour assister à la première d'une nouvelle mise en scène du "Marchand de Venise" de Shakespeare. Les deux amis ont été invités par Sarah Sommertown, romancière, archéologue et présidente de la William Shakespeare Defenders Society.
     My goodness !
Après la représentation, Blake et Mortimer font la connaissance d'un singulier personnage : le comte Walter d'Oxford, membre de La Loge d'Oxford, un groupe qui affirme que William Shakespeare n'a jamais été dramaturge...
     By Jove !

Mon avis :
De l'aventure, du mystère, des énigmes à résoudre, une chasse au trésor entre Londres et Venise... le tout sur fond d'une polémique bien réelle autour de Shakespeare... On se surprend à espérer que Blake et Mortimer nous livrent la vérité... "To be Shakespeare or not to be Shakespeare ?"... Juste formidable !!!... By St William !!!

"Agatha Raisin : La quiche fatale" de M.C. Beaton (Albin Michel)


Marion Chesney, alias M.C. Beaton est née en 1936 à Glasgow, en Ecosse. Elle a été libraire et journaliste avant de devenir un auteur de best-sellers les plus lus du Royaume-Uni avec deux séries de romans policiers : Hamish MacBeth (33 tomes de 1985 à 2016) et, surtout, l'hilarante Agatha Raisin (28 tomes de 1992 à 2016).
En France, les deux premières tribulations d'Agatha Raisin, "La quiche fatale" et "Remède de cheval" ont été publiées chez Albin Michel en juin 2016. Les tomes 3 et 4, "Pas de pot pour la jardinière" et "Randonnée mortelle" (toujours chez Albin Michel) sont disponibles depuis le 2 novembre 2016.

L'histoire :
Agatha Raisin est fille d'ouvriers de Birmingham. Enfant, lors de vacances avec ses parents dans les Cotswolds, elle est émerveillée par le luxe et la beauté incroyable des maisons aux toits de chaume ou en ardoise. Elle jure alors qu'elle aussi, un jour, elle aura un de ces cottages de rêve dans ce lieu magnifique. Créatrice d'une agence de relations publiques très prospère, elle est aujourd'hui, à cinquante-trois ans, suffisamment riche pour tout lâcher, quitter Londres dont elle s'est lassée et se réfugier dans une très belle propriété qu'elle vient d'acquérir à Carsely, petit village perdu dans les collines des Cotswolds. Mais cette femme indomptable, au tempérament de feu, mariée il y a fort longtemps mais très vite séparée, sans enfant, sans amis, clope au bec, verre de gin à la main et verbe haut, nourrie de plats tout prêts à réchauffer au micro-ondes, qualifiée par son entourage "d'originale", habituée à la foule cosmopolite de la capitale, va-t-elle se fondre sans fracas dans ce paysage bucolique et anachronique? Pour montrer sa volonté de s'intégrer, Agatha participe à un de ces improbables concours que seuls les campagnes britanniques savent organiser. En l'occurence, un concours de quiches. Mais, coup de théâtre, la sienne, honteusement achetée chez un traiteur londonien, provoque la mort du juge de la compétition. Très vite mise hors de cause, le décès qualifié d'accidentel, Agatha Raisin pressent quelque chose de plus grave et mène sa propre enquête...

Mon avis :
D'abord, à souligner la couverture du livre, particulièrement soignée et alléchante. Ensuite, le personnage détonnant et attachant d'Agatha Raisin, curieux mélange très réussi entre Miss Marple et Patsy de "Absolutely Fabulous". Le roman est une comédie policière très drôle, rafraîchissante et endiablée, mais beaucoup moins légère qu'elle n'y paraît. M.C. Beaton n'hésite pas à donner quelques coups de griffes bien caustiques sur une société britannique pleine de contradictions.

Une série à suivre !!!

jeudi 10 novembre 2016

Prochaines présentations : mi-décembre 2016





"Joyeux Noël !"

Des livres à offrir...

"Le livre des haïku" de Jack Kerouac (La Table Ronde) (Edition bilingue)


"La part de zen qui a influencé mon écriture est le zen contenu dans le kaïku, comme je l'ai dit, ces poèmes en trois vers de dix-sept syllabes écrits il y a des centaines d'années par des types comme Bashô, Issa, Shiki, et il y a des maîtres récents. Une phrase courte et douce avec un saut de pensée soudain est une sorte de haïku ; il y a là beaucoup de liberté et d'amusement à s'y laisser surprendre soi-même, à laisser l'esprit sauter de la branche de l'oiseau."
Jack Kerouac


          Alors j'inventerai
               Le genre du haïku américain :
               Le simple tercet rimé -
          Dix-sept syllabes ?
          Non, comme je le dis, des Pops américains -
          De simples poèmes de trois vers
Jack Kerouac (Notes de lecture, 1965)

Jack Kerouac est un écrivain américain (Lowel, Massachusetts, 1922 - Saint Petersburg, Floride, 1969).

Fils d'immigrés canadiens français d'origine bretonne et normande, Jack Kerouac, après un passage éclair à l'université Columbia, essentiellement consacré au football, est tour à tour matelot, pompiste, serveur, cueilleur de coton, déménageur, manoeuvre. Se posant, d'emblée, hors de tout establishment, il se veut autodidacte.

En 1944, il rencontre Allen Ginsberg et William Burroughs, compagnons d'escapades nocturnes au gré de l'alcool et du jazz be-bop de Charlie Parker. C'est alors qu'il s'attelle à son premier roman "Avant la route" (publié en 1950, en partie autobiographique, en partie fantasmagorique). En 1947, il fait la connaissance de celui qui devient son "jumeau", de trois ans plus jeune, Neal Cassady. Tous deux sillonnent les routes des Etats-Unis. Sous le nom de Dean Moriarty, Neal Cassady est l'inspirateur de "Sur la route" (1957). Dactylographié en trois semaines par Kerouac sur un rouleau de telex, le roman lui apporte la célébrité et devient le manifeste de la beat generation.

Obsédé par les grands mythes américains, soucieux de ne pas séparer l'entreprise littéraire d'une expérience vitale, il a donné une oeuvre partagée entre l'évocation de ses origines québécoises ("Docteur Sax", 1959 ; "Visions de Gérard", 1963 ; "Vanité de Duluoz", 1968) et l'appel au continent américain, inauguré par "La Ville et la métropole" (1950), suivi par "Sur la route". L'espace américain est insuffisant ; il appelle d'autres fuites et d'autres expériences, celle de la bohème ("Les Souterrains", 1958), celle du bouddhisme ("Les Clochards célestes", 1958), celle de l'errance mystique ("Les Anges vagabonds", 1965), et le retour à des lieux emblématiques ("Big Sur", 1962), dits sous la forme poétique ("Mexico City Blues", 1959) ou selon la recherche généalogique et l'attente de l'illumination ("Satori à Paris", 1966). Le simple voyage ("Le Vagabond solitaire", 1960), la transcription onirique ("Le Livre des rêves", 1961), l'explicite commentaire religieux ("Les Ecritures de l'éternité d'or", 1960) attestent l'insatisfaction constante et l'effort pour réformer le moi et le monde.

Fils de Whitman, Rimbaud des villes américaines, Kerouac reste la figure de l'échec exemplaire : le sens du réel, l'attention au rythme, la fraternité des démunis le cèdent au choix de la ruine et de la déchéance par l'alcool, pour faire de l'oeuvre de la révolte et du souvenir le témoignage constant du déracinement américain et de l'incertitude de toute parole.

Miné par l'alcool, la benzédrine et autres substances, il est mort à 47 ans sans avoir pu concrétiser son rêve : relier ses oeuvres, à la façon de Balzac ou de Proust, sous un titre générique, "La Légende des Duluoz". S'étant désolidarisé du mouvement beat, il se définissait comme "un artiste, un conteur, un écrivain dans la grande tradition française, et non le porte-parole d'un million de voyous."

Mon avis :
Soyons honnêtes, nous sommes très loin des grands maîtres japonais classiques auxquels l'écrivain se référait. La poésie, la profondeur, la subtilité, ces frissons que doivent provoquer des haïkus manquent cruellement. Toutefois, ces textes ont ceci de très intéressant qu'ils nous rapprochent de Kerouac, de son état d'esprit, de ses états d'âme, de l'homme qu'il a été.

                    Savez-vous pourquoi mon nom est Jack ?
                    Pourquoi ?
                    Voilà pourquoi.

                          Mémère dit : "Les planètes sont
                          espacées pour que les gens
                          se fichent la paix."

                     Je suis allé dans les bois
                     pour méditer -
                     Il fait trop froid

"La vitesse foudroyante du passé" de Raymond Carver (L'Olivier)

Raymond Carver est un écrivain américain (Clatskanie, Oregon, 1938 - Port Angeles, Etat de Washington, 1988). Souvent situées dans le Nord-Ouest, sur la côte pacifique, ses nouvelles mettent en scène des personnages de prolétaires qui doivent beaucoup à son expérience personnelle. Les limites de leur vie banale, rongée par le chômage, l'alcool ou les problèmes de couple, se reflètent dans une écriture dépouillée qui évite la psychologie et les effets et privilégie les détails. Son minimalisme désespéré a profondément influencé les écrivains américains des années 1980 ("Tais-toi, je t'en prie", 1976 ; "Parlez-moi d'amour", 1981 ; "Les Vitamines du bonheur", 1983). "Les Feux" (1983) rassemble des poèmes, des essais et des nouvelles. "Qu'est-ce que vous voulez voir" a été publié à titre posthume en 2000.

Mon avis :
On regrette un peu que l'édition de ce recueil ne soit pas bilingue, car il nous manque la musicalité des mots et des rimes de la langue originale. Néanmoins, la traduction française nous livre de très beaux textes poétiques dans lesquels l'auteur confie ses pensées les plus profondes, des instantanés de sa vie quotidienne dans ce qu'elle a d'ordinaire, ou d'extraordinaire parfois, ses amours, ses ruptures, ses souvenirs d'enfance, la mort, sa passion pour la pêche, la nostalgie du passé...

Un ouvrage très émouvant et bouleversant que l'on referme avec tristesse !

          "Le meilleur moment de la journée"
    
                    Fraîches nuits d'été. 
                    Fenêtres ouvertes.
                    Lampes allumées.
                    Des fruits dans le bol.
                    Et ta tête sur mon épaule.
                    Ce sont les moments les plus heureux de la journée.

                    Avec les premières heures du matin,
                    bien sûr. Et juste
                    avant le déjeuner.
                    Et l'après-midi, et 
                    les premières heures du soir.
                    Mais j'aime vraiment

                    les nuits d'été.
                    Davantage, je crois,
                    que tous ces autres moments.
                    Les tâches du jour accomplies.
                    Quand personne ne peut plus nous joindre alors. 
                    Ni jamais.

"La Grande Enigme" de Tomas Tranströmer (Le Castor Astral) (Edition bilingue) - Prix Nobel de Littérature 2011



La circulation fourmillante des autoroutes
et la circulation silencieuse
des revenants.
Plus loin : les masques de la tragédie dans le vent
contraire
et le vacarme de la vitesse - plus loin :
l'assaut

où s'évaporent les derniers mots d'amour -

Tomas Tranströmer - "Sentiers", 1973


On marche longtemps et on écoute et on arrive au moment où les frontières s'ouvrent
ou plutôt
où tout devient frontière. Une place découverte plongée dans l'obscurité. Des gens sortent groupés des bâtiments faiblement éclairés tout autour. Une rumeur.

Tomas Tranströmer - "Baltiques", 1974


Tomas Tranströmer (1931-2015) est un poète suédois et lauréat du Prix Nobel de Littérature 2011.

"A travers ses images condensées, translucides, il nous donne un accès neuf à la réalité" avait expliqué le comité Nobel pour expliquer son choix.

Né en 1931 à Stockholm, Tomas Tranströmer a d'abord suivi une formation en psychologie qui l'a conduit à exercer toute sa vie en prison, auprès des handicapés, des toxicomanes. Parallèlement, il se fait connaître en Suède dès 1954, à l'âge de 23 ans, avec la parution d'un premier recueil de poèmes intitulé "17 poèmes". Ainsi commence une oeuvre assez limitée, un peu plus d'une dizaine de recueils à ce jour, traduite en près de soixante langues. 

En France, son principal éditeur est Le Castor Astral. De "Prières laïques" en questionnements plus sombres, entre visions oniriques et sens aigu du réel, la nature y tient une place déterminante et à travers elle s'exprime une interrogation sur la place de l'individu dans le monde.

Homme discret, récompensé par de nombreux prix internationaux, il s'exprimait d'autant moins qu'il était partiellement paralysé et aphasique depuis 1990. Il vivait à Stockholm et passait une partie de son temps à écouter de la musique et à jouer du piano. Il a néanmoins publié deux nouveaux recueils depuis cet accident. Ont suivi, en 1996, la parution de ses oeuvres complètes "Baltiques ; La Gondole chagrin". "La Grande Enigme", recueil de quarante-cinq haïkus, est son dernier livre paru en 2004. Tomas Tranströmer est décédé en 2015 à l'âge de 83 ans.

Mon avis :
Entre terre et mer, entre ombres et lumières, le poète observe le monde, écoute, ressent, vit, vibre avec toute sa sensibilité, mais surtout avec toute son humilité face à une Nature indomptable. 

Un ouvrage admirable !

          Extraits :

                               Porté par l'obscurité.
                               Je croise une grande ombre
                               dans une paire d'yeux.

                    Vent immense et paisible
                    de la bibliothèque marine.
                    Où je peux reposer.

                               Renne en plein soleil.
                               Les mouches cousent et cousent encore
                               son ombre sur le sol.

"Huit poètes écossais contemporains" - Anthologie (L'Harmattan)


Angus Calder (1942-2008) a été professeur de littérature à l'université de Nairobi (Kenya) pendant trois ans, puis il a enseigné à l'Open University d'Edimbourg de 1979 jusqu'à sa retraite en 1993 où il publia son premier recueil de poèmes.

          "Début septembre"

               On croit traverser
               le Forth toucher
               les coquelicots des champs du Fife.

               Roses immenses
               comme des vitraux.

               Arbres aux mouchetures feuille-morte
               habillés comme pour
               une nuit à l'opéra.

               La lumière est si riche
               de détails généreux

               que la lame de rasoir
               de l'air froid
               ne semble pas si importante.
   
Angela McSeveney (1964-) a vécu enfant à Galashiels, dans les Scottish Borders, au sud d'Edimbourg. Elle a d'abord publié ses poésies dans des revues et des anthologies. Puis, en 1992, elle a fait paraître son premier recueil "Coming out with it".

          "Piercing"

               Comme je trouve enfin le courage
               d'entrer, il m'amène
               dans une petite pièce au fond,

                je lui donne l'argent
                et je dégrafe mes vêtements.
                Il me dit où il faut m'allonger.

                Cela fait bizarre
                que je ne connaisse pas son nom,

                mais du moins je porte des sous-vêtements
                dans lesquels je serais heureuse
                de rencontrer le Créateur.

                Tout en m'anesthésiant
                il fait des remarques sur mon nombril
                et sa profondeur convenable.

                Dehors dans la rue le samedi matin
                je porte discrètement ma retouche sous mes vêtements.

                Plus tard quand j'enlève le pansement
                mon nombril et le bouton
                sont noirs de sang

                et c'est comme si je venais de naître.

George Gunn (1956-) vient du Caithness, dans les Highlands, région de l'Ecosse qui mêle culture celtique et culture scandinave et qui sont la sève et l'inspiration du poète.

          Extrait de "Dernière récolte orcadienne"

               1
                La lune est pleine encore cette nuit
                comme son visage est une danse orange
                les vagues lugubres dissolvent leur propre insistance
                les mouettes fuselées caressent leur face de rocher

                 la lune est emportée maintenant vers un silence bleu

Colin Donati (1962-) est né à Dalbeattie, à deux pas du Solway Firth (frontière entre l'Angleterre et l'Ecosse). Il étudie d'abord la méditation pendant six ans, puis publie, en 1997, ses poésies dans nombre d'anthologies et de revues littéraires. En 2002 paraît son premier recueil "Rock is Water, or a History of the theories of Rain".

          "La soirée au bord de la rivière"

               Le guépard est en l'air
               dans le bond final ;
               l'antilope à ce moment
               esquive rapidement vers le ruisseau ;

               plus loin vers l'est
               sur le sol d'une maison en bois dans une plaine alluviale
               entourée de chiens qui dorment

               deux hommes se concentrent
               sur une partie d'échecs

W.N. Herbert (1961-) est né à Dundee. Poète et enseignant en Création littéraire, il a reçu de très nombreux prix britanniques pour sa poésie.

          Extrait de "Chuchoter à travers la glace"

               Mon peuple croit que c'est
               afin de parler
               avec les dieux
               que je dois entrer
               dans ce lieu de terreur,
               et pour cette raison
               il me craint et,
               craignant cette crainte,
               il me déteste aussi.
               Mais ce n'est pas le cas.

                Quand je suis là
                c'est comme si
                j'avais été pressé
                entre deux nappes de glace
                fondant et se reformant à mesure
                qu'elles absorbent
                la chaleur de ma peau
                et de mes entrailles
                jusqu'à me tenir
                parfaitement, comme
                une hache de cuivre est tenue
                dans son moule.

                Dans ce lieu je vois
                des figures déformées marcher
                et parler dans la neige,
                grogner et
                se frapper les côtes,
                mais ce sont les voisins
                et non pas les dieux.
                Grands comme des ours
                ils habitent déjà
                le lieu de terreur.

Gael Turnbull (1928-2004) est né à Edimbourg et a vécu en Angleterre, aux Etats-Unis, et au Canada où il a publié ses premiers poèmes.

          "Non"

               Non, le soleil ne remplit pas l'aurore de braises

               et les étoiles ne sont pas des diamants lancés par poignées à
               travers le firmament

               et la lune est une croûte de cratères gelés, et non pas une boule
               phosphorescente ni une perle trempée de lumière

               et mon coeur n'est pas un fourneau, mais plutôt une pompe et
               mes pensées sont claires et détachées, non pas des chevaux
               indomptés sans rêne ni bride

               et non, lorsque tu me regardes dans les yeux, ce n'est pas
               comme les vagues se brisant sur le rivage... se brisant toujours
               pour la première fois.

SB Kelly est un critique littéraire né à Falkirk, entre Edimbourg et Stirling. Il s'intéresse beaucoup à la poésie expérimentale.

          Extrait de "L'Edimbourg de Bone"

               Les incidents que je vais raconter s'offrent comme note en bas
               de page :
               D'une manière ou d'une autre j'étais au milieu d'un labyrinthe 
               d'allées,
               disparaissant dans des entrées à l'obscurité impénétrable,
               de longs passages menant à des escaliers intérieurs encore plus
               obscurs,
               cela, et beaucoup d'autres passages sauvages.
               Après leurs escaliers sans fin,
               franchissez ces portes impressionnantes et vous êtes tout de suite
               au grenier.
          
Gavin Bowd est né en 1966. Il a passé son enfance entre les Scottish Borders et Hong-Kong et a étudié à St Andrews et Paris. Il a été membre des partis communistes anglais et français de 1981 à 1991. Sa poésie s'inspire des poètes comme, entre autres, Eugène Guillevic, Kenneth White, Rimbaud, et Michel Houellebecq dont il est d'ailleurs le traducteur anglais.

          "Un oiseau rare"

               Vous ne comprenez pas :
               un oiseau rare est un oiseau perdu.
               Vous regardez et remarquez mon plumage,
               vous écoutez mes cris étranges
               seul sur une cime luxuriante.

               Un oiseau rare est un oiseau perdu.
               Comprenez : de mauvais vents d'ouest
               m'ont éloigné d'une femelle.
               Des souvenirs fleuris d'un pays lointain
               sont plus rapides que mes ailes.

Mon avis :
De très intéressantes découvertes, un beau voyage littéraire, et un coup de coeur personnel pour Angus Calder...

"Intégrale" (14 CD) de Juliette (Universal/Polydor)

Juliette Noureddine, communément appelée Juliette, d'origine kabyle, est née à Paris en 1962 et s'installe à Toulouse à l'âge de treize ans. Son père est saxophoniste à l'orchestre du Capitole de Toulouse. Elle baigne dans un univers musical, aux influences aussi variées que le jazz, la musique arabe, la chanson populaire et la musique classique. Aux études universitaires de musicologie et de lettres, elle préfère chanter dans les bars et les cabarets en interprétant Brel, Vian ou Piaf. 

En 1985, elle inaugure les Découvertes de Jeunes Talents du festival de Bourges. Le festival de Lormes et les Francofolies de La Rochelle l'accueilleront aussi en 2004. Très présente sur scène, et fan de Jean Guidoni, elle assure la première partie du chanteur en 1990 et rencontre à cette occasion Pierre Philippe, parolier du chanteur avec lequel elle continue de collaborer par la suite. Passionnée par la scène et le contact avec le public, entre 2005 et 2006, elle effectue de nombreuses tournées en France, au Canada et au Japon, et se produit sur différentes scènes de Paris. 

Eclectique et curieuse, Juliette expérimente la lecture de textes littéraires, écrit un livre, "Mensonges et autres confidences", et produit une émission sur France Musique intitulée "Juliette ou la clé des sons". Outre ses talents d'écrivain et d'animatrice, elle signe la mise en scène du spectacle de François Morel, "Un soir, des lions" au théâtre du Rond-Point à Paris. 

Artiste émouvante et drôle, Juliette explore toutes les émotions. En 2016, le CNC (Centre National du Cinéma et de l'image animée) a nommé Juliette Noureddine à la présidence de la commission du Fonds d'Aide au Jeu Vidéo. Elle vient également de faire la mise en scène du nouveau spectacle musical de François Morel "La vie (titre provisoire)", au théâtre du Rond-Point depuis le 4 octobre.

Mon avis :

Paroles, musique et interprétation jubilatoires !!! De la poésie pure ! De l'humour, de la fantaisie... A la fois joyeux et émouvant... Entre le romantisme fantastique du XIXème siècle et l'ambiance des cabarets et des cirques de la Belle Epoque... Un beau rayon de folie... Une "Intégrale" précieuse et gourmande de mots, de Lettres, de vin...

Juliette chante aussi Victor Hugo, Norge, Henri-Georges Clouzot, Robert Desnos, Baudelaire...

On pleure sur "Une lettre oubliée", duo avec le regretté Guillaume Depardieu, et on rit sur "Mémère dans les orties", duo avec son complice François Morel...

Un ravissement !!!

Ecoutez si vous le voulez "Rimes féminines"...
https://www.youtube.com/watch?v=oeR4YmZcSbQ

ou encore... "Le Diable dans la bouteille"...

jeudi 29 septembre 2016

Prochaines présentations : début novembre 2016





"Vers et prose sans frontières"

"Les vagues" de Virginia Woolf (Le Livre de Poche) - Traduit par Marguerite Yourcenar


Virginia Woolf (1882-1941) est une figure marquante de la société littéraire londonienne et du Bloomsbury Group. Virginia Stephen grandit dans une famille recomposée (d'un premier mariage, sa mère a quatre enfants et son père une fille), dont le père, à la personnalité fantasque, reste longtemps le modèle. Elevée dans une atmosphère très cultivée, enfant elle est déjà d'une nature très angoissée. Elle a treize ans lorsque sa mère décède d'une grippe. Elle plonge alors dans une grave dépression dont elle ne se remettra jamais. A la mort de son père, son rythme créatif s'accélère. Elle est l'auteur de romans en rupture avec les règles classiques littéraires et qui se veulent des "tableaux impressionnistes des méandres de l'âme" : "La traversée des apparences" (1915), "La chambre de Jacob" (1922), "Mrs. Dalloway" (1925), "La promenade au phare" (1927), "Les vagues" (1931), "Les années" (1937). Influencée par Proust et Joyce, elle tente de rendre sensible la vie mouvante de la conscience et de saisir les impressions fugitives et quotidiennes dans ses ouvrages, où l'action et l'intrigue ne jouent presque aucun rôle. Grâce au soutien permanent de son mari, Leonard Woolf, elle édite également chez Hogarth Press de grands auteurs étrangers, notamment Sigmund Freud. Mais sa souffrance psychique est trop forte : elle se suicide en se jetant dans une rivière.

Soliloque :
1) Entretien de quelqu'un avec lui-même.
2) Discours de quelqu'un qui, en compagnie, est seul à parler.

Mon avis :

Lire un ouvrage de Virginia Woolf est à la fois exaltant et éprouvant. Est-il vraiment nécessaire de rappeler que l'écriture de Virginia Woolf est un sublime écrin recelant d'inestimables joyaux de poésie, de délicatesse et de culture ? Lire cette langue d'une grande puissance littéraire, et pourtant simple et accessible, est bouleversant. Toutefois, le propos est plus complexe car il s'appuie sur une réflexion très dense, exploitée jusqu'au plus profond du possible, et constante de la première à la dernière ligne. Ce qui oblige le lecteur à maintenir une certaine concentration, mais c'est un exercice on ne peut plus stimulant et enrichissant.

On ignore où... On ignore quand, à quelle saison... La brume matinale recouvre de son voile éphémère une maison blanche, belle et calme, blottie au milieu des arbres, tournée vers la mer, là-bas, à l'horizon. Le sable de la plage est lentement caressé par le va-et-vient des vagues... Une journée ensoleillée va se dérouler sous nos yeux, métaphore de la vie, de l'aube au crépuscule...

Entre soliloques* et dialogues, six personnages, issus d'un milieu social privilégié, évoquent des souvenirs qu'ils partagent depuis l'enfance, non dans le récit des événements mais dans ce qu'ils ont ressenti au moment des faits, et ce qu'ils ressentent aujourd'hui. C'est pour chacun un voyage intérieur intense et douloureux.

La solitude, la jalousie, l'amitié, la fuite, la peur, le rapport aux autres, les premiers émois, les rêves, les fantasmes... Bernard, Suzanne, Rhoda, Neville, Jilly et Louis ne refoulent rien. Dans cette sorte de jeu impitoyable de la mémoire, "qui suis-je ?" est leur véritable question.

Les six amis affrontent leurs conflits intérieurs, leurs pensées les plus profondes, révèlent leur Moi. Peu à peu, ils réalisent la médiocrité de leur vie. Ensemble, et sans doute inconsciemment, ils ont entretenu une certaine complaisance avec l'ennui, l'introspection, l'indifférence aux autres. Et surtout, ils ont négligé un septième personnage, disparu trop tôt, le vrai héros de ce roman, Perceval. Du groupe, il était la carte de la chaleur humaine, de la générosité et de la curiosité qui leur manquent à tous.

Virginia Woolf nous entraîne dans les vagues de la vie, nous malmène, nous bouscule jusqu'à ce que nous perdions pied. Puis nous redépose sur la plage, nous laisse à peine le temps de nous apaiser, de reprendre nos esprits, et nous emporte à nouveau dans les flots de son âme. Les vagues déferlent et balaient tout sur leur passage, y compris l'insouciance. C'est une oeuvre pessimiste, mais ô combien admirable !


Extrait :
"Le mariage, la mort, les voyages, l'amitié, dit Bernard, la ville et la campagne, et les enfants, et tout le reste : une substance dont les mille facettes sont taillées à même les ténèbres, une fleur aux mille pétales. Arrêtons-nous un instant : contemplons notre oeuvre. Laissons-la resplendir au pied des ormes. Une vie. Voilà... C'est fini... C'est éteint."

"La femme gelée" d'Annie Ernaux (Folio)


Annie Ernaux est une romancière française née à Lillebonne en 1940. Des "Armoires vides" (1974) à "La honte" (1997), en passant par "Ce qu'ils disent ou rien" (1977), "La femme gelée" (1981), "La place" (Prix Renaudot 1984), "Une femme" (1988) et "L'événement" (2000), elle décrit, sans déploration mais avec une précision chirurgicale, la banalité d'une expérience, la sienne, mais sur bien des points commune à nous tous : au fond du café-épicerie de ses parents, une adolescente échappe, avec une culpabilité douloureuse, aux déterminismes familiaux en accédant à la culture littéraire grâce à l'école. Sa langue toute en litotes* et en ellipses* explore et superpose les différents registres de l'oralité, populaire et distinguée. Dans ses derniers textes, Annie Ernaux se fait la diariste de plus en plus minimaliste et impudique de son expérience amoureuse, dans des "récits vrais" sans concession, dont le style épuré se veut sans détours ni dérision protectrice, au plus près des émotions et des sensations douloureuses.

LitoteFigure de rhétorique consistant à affaiblir l'expression de la pensée pour laisser entendre plus qu'on ne dit.

Ellipse :
1) Dans certaines situations de communication ou dans certains énoncés, omission d'un ou de plusieurs éléments de la phrase, sans que celle-ci cesse d'être compréhensible.
2) Raccourci, sous-entendu, procédé allusif.

L'histoire :
Les femmes qui ont entouré son enfance et son adolescence ne ressemblaient en rien aux fées du logis présentées dans les magazines de mode de l'époque, les années 1940 à 1960. Ces femmes fortes, volontaires, courageuses, qui parlaient haut, soumises à aucun homme ni à aucun diktact visant à faire d'elles "de parfaites ménagères", ignorantes des "bonnes manières"... ces femmes-là ont été les modèles d'Annie Ernaux. Au sein du couple parental, du fait du commerce, les tâches domestiques étaient naturellement partagées, et les filles, de l'avis de sa mère comme de son père, avaient autant le droit d'étudier que les garçons. Mais au lycée privé religieux où l'auteur était scolarisée, on lui enseignait une autre vie : fuir la gent masculine, devenir une jeune fille distinguée et studieuse, une jeune femme discrète et convenable, une future épouse suffisamment éduquée mais point trop pour ne pas porter ombrage au chef de famille. Pour l'écrivain, par le simple fait d'être issue d'un milieu social modeste, par le simple fait d'être une femme, le chemin des études sera douloureux, semé d'embûches, d'humiliations et de questions sans réponses. Dans cette société conservatrice, difficile pour une femme de revendiquer sa liberté sans s'attirer des foudres zélées. Malgré sa volonté de ne pas tomber dans le piège, la narratrice se retrouve, juste avant le capes, étudiante, mariée et mère d'un petit garçon. Continuer ou arrêter ses études... La carrière ou la famille... Choix cornélien entre la raison et ses rêves... Choix qui ne s'impose qu'aux femmes...

Mon avis :
Avec une grande justesse et toute sa sensibilité, Annie Ernaux raconte le parcours d'une jeune étudiante dans une société prise en étau entre un fort conservatisme et des mouvements féministes naissants. Un récit édifiant sur l'émancipation de la femme, un combat commencé il y a déjà plusieurs décennies, et la tristesse (et la colère !) de constater qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, de murs à abattre.

"Annie Ernaux est une exploratrice qui sort au grand jour des faits et des sentiments vécus. Loin de bâtir une autobiographie, elle parle de nous, entre le gouffre, la honte et la lucidité. Elle nous voit et nous accompagne dans une lutte perpétuelle contre l'oubli et le silence, pour "sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais". Avec elle, nous sommes vivants."
Christine Ferniot - Magazine "Lire - Avril 2016"

"Pensées secrètes" de David Lodge (Rivages)


David Lodge est un écrivain britannique brillant né à Londres en 1935. Elevé au sein d'une famille catholique de classe moyenne, coincée entre l'aristocratie et le prolétariat, David Lodge a passé son enfance et son adolescence à lire des comics et des auteurs anglais comme Jerome K. Jerome, Evelyn Waugh et Graham Greene. Très attiré par la fiction, il se lance à quinze ans dans l'écriture de romans et de nouvelles avant d'entreprendre des études de littérature. En 1960, il obtient son premier poste à l'université de Birmingham et publie depuis régulièrement des essais, dans lesquels il analyse la richesse et la variété de la littérature anglo-américaine.

Mais, parallèlement à ces essais et à une carrière universitaire poursuivie jusqu'en 1987, David Lodge est aussi un romancier à la production abondante, inventeur du "picaresque académique", selon la formule d'Umberto Eco, se moquant tranquillement des universitaires qu'il fréquente. Pour Lodge, le roman est le prétexte de rencontres hilarantes. Dans "La Chute du British Museum" (1965), il met en scène les pérégrinations comiques d'un homme pris dans le brouillard londonien. Texte de l'enfance, "Hors de l'abri" (1975), est le récit le plus autobiographique de l'auteur, roman d'apprentissage et roman international, marqué par l'influence de "Dedalus" de Joyce, et des "Ambassadeurs" de James. En 1980, il obtient le prix du Whitbread Book of the Year pour "Jeux de maux".

Ecrivain intarissable, il poursuit une oeuvre à la fois drolatique et amère, de "Changement de décor" (1975) à "Un tout petit monde" (1984), peinture féroce des congrès universitaires, de "Jeu de société" (1988) à "Nouvelles du Paradis" (1991). Dans "Thérapie" (1995), il brosse le portrait d'un scénariste à succès livré à toutes les thérapies possibles pour sortir de sa dépression. "Pensées secrètes" (2000) est un réjouissant badinage entre une romancière et un spécialiste des sciences cognitives. "La Vie en sourdine" (2008) évoque les affres de la vieillesse. Autant d'oeuvres où l'auteur associe un sens aigu de l'observation à une grande verve satirique. Il a écrit également des ouvrages critiques ("L'Art de la fiction", 1992 ; "Dans les coulisses du roman", 2007).

"Enregistrons les atomes à mesure qu'ils affluent à l'esprit et dans l'ordre où ils affluent."
Virginia Woolf (citée dans ce roman)

L'histoire :
A la fin des années 1980, Ralph Messenger avait acheté un dictaphone pour noter le plus fidèlement possible ses pensées à mesure qu'elles venaient. Il s'en souvient. C'était au duty-free de l'aéroport de Londres Heathrow. Il se rendait à un colloque sur "La vue et le cerveau" à San Diego, en Californie. Il avait omis un détail : comment donner à transcrire à la dactylographe des microcassettes sur lesquelles, au milieu de réflexions sérieuses et pertinentes, on a enregistré ses ébats au lit avec une très belle jeune femme rencontrée à ce colloque ? Une seule solution : les retranscrire lui-même. Ce qui est fastidieux pour Ralph ! Huit ans plus tard, on le retrouve. Il est en train d'installer un logiciel de reconnaissance vocale (en remplacement de son vieux dictaphone) sur l'ordinateur de son bureau de professeur, spécialiste des sciences cognitives, à l'université de Gloucester.
Helen Reed, écrivain de renom, a été invitée par l'université de Gloucester à assurer, ce second semestre, des cours de création littéraire à un groupe d'étudiants de la faculté de lettres. Son unique expérience d'enseignante sont les cours du soir ouverts à tous qu'elle donnait à Morley College, institut de formation continue où enseigna Virginia Woolf. En ce dimanche matin pluvieux, après s'être installée dans une petite maison toute neuve, de style scandinave, qui lui a été attribuée, Helen décide de marcher un peu dans ce campus vide et silencieux. De la fenêtre de son bureau, Ralph aperçoit cette belle et mystérieuse inconnue. Il fera sa connaissance quelques jours plus tard lors d'une soirée entre collègues organisée chez lui par son épouse. S'engagera alors entre le scientifique et la littéraire un jeu de séduction à la fois sensuel, physique et intellectuel...

Mon avis :
De quoi est fait l'esprit ? Comment fonctionne la conscience ? Comment l'activité du cerveau se traduit-elle en pensée ? La conscience appartient-elle à l'art ou à la science ? Et si l'intelligence artificielle telle que la rêvent les scientifiques existait, la conscience serait-elle un "problème qu'il faut résoudre" ? Qu'en serait-il des sentiments comme la joie, la tristesse, la jalousie, l'ennui ? Qu'en serait-il de l'amour, appelé "structure d'attachement" en sciences cognitives ? Qu'en serait-il de la séduction, de la sensualité, de la sexualité ? Et bien d'autres questions encore...
On se doit de souligner que le travail de vulgarisation des sciences cognitives réalisé dans ce roman par David Lodge est remarquable. Sans se départir de son humour britannique très spirituel, il nous propose une réflexion riche et approfondie sur la pensée et la conscience au moyen de cinq genres littéraires différents : les soliloques (pensées enregistrées de Ralph), le journal intime de Helen, le roman épistolaire (échanges de courriels), le récit classique à la troisième personne du singulier incluant des dialogues, et les nouvelles à chute (les exercices donnés par Helen à ses étudiants).

Un ouvrage excitant, inquiétant parfois, très instructif. Après sa lecture, on ne cesse d'y penser, on y réfléchit encore très longtemps et on ne regarde plus, on n'écoute plus le monde ni les personnes qui nous entourent de la même façon...

Clin d'oeil :
Souci du détail de l'auteur, la femme de Ralph Messenger, Carrie, a fait des études d'histoire de l'art et son mémoire était sur Berthe Morisot (1841-1895), peintre française. David Lodge rappelle ainsi que dans son tableau "La Psyché" (ou "Le Miroir") (1876), Berthe Morisot a créé une scénographie capable de rendre compte de la complexité de la vie intérieure et de la vie quotidienne. Elle préfigure ainsi la poétique de l'intime qui se développera ensuite dans le roman du début du XXème siècle en Europe.

Extrait
(Helen) "Le métier d'écrivain vous met à nu, d'une façon ou d'une autre. Même si l'oeuvre n'est pas ouvertement autobiographique, elle révèle indirectement vos peurs, vos désirs, vos fantasmes, vos priorités."