dimanche 14 janvier 2018

"Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien Spitzer (Les éditions de l'Observatoire)

Rentrée Littéraire - Septembre 2017

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Sébastien Spitzer est né en 1970. Il est journaliste. "Ces rêves qu'on piétine", son premier roman, a été récompensé par le Prix Stanislas du premier roman 2017.

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Rappel historique :

Joseph Paul Goebbels est un homme politique allemand (Rheydt, 29 octobre 1897 - Berlin, 1er mai 1945).

Frappé d'une infirmité congénitale, il se consacre aux études littéraires et au journalisme, où il révèle un talent de polémiste. Il est gagné, en 1922, au national-socialisme par Gregor Strasser, l'un des leaders du Parti national-socialiste des travailleurs allemands, qui fait de lui son secrétaire. Nommé chef du parti à Berlin en 1926, il réussit à convertir la capitale au national-socialisme et dirige le périodique Der Angriff (1927-1933).

Chef de la propagande du parti en 1928, il est chargé par Hitler de l'action politique et psychologique à mener sur le peuple allemand, et est nommé à cet effet, en 1933, ministre de la Propagande et de l'Information, fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort. En 1938, il orchestre l'incendie des synagogues et le pillage des maisons juives. D'une fidélité absolue à Hitler, il fait de la propagande une véritable technique de manipulation, appuyée notamment sur la presse et la radio.

En juillet 1944, Goebbels est chargé de la direction de la "guerre totale". Il tente alors de relever le moral de ses concitoyens par des informations exaltantes sur des armes secrètes et imparables.

Le 26 avril 1945, dans Berlin, face aux Soviétiques, les plus irréductibles des "enfants du IIIème Reich" résistent, prêts à se sacrifier pour le Führer. Ce dernier se donne la mort quatre jours plus tard en compagnie de ses derniers fidèles. Parmi eux, Joseph Geobbels et son épouse Magda. Aux côtés des corps calcinés, les alliés retrouvent, alignés et vêtus de blanc, les cadavres de leurs six enfants empoisonnés par leur mère.

Magda et Joseph Goebbels et leurs six enfants
Harald Quandt (au fond au centre), premier fils de Magda

Magda Goebbels (11 novembre 1901 - 1er mai 1945) est née d'une union illégitime entre un ingénieur et une employée de maison. Elle n'est pas reconnue par son père biologique. Sa mère se marie par la suite avec un riche commerçant juif, Richard Fridländer, qui adopte Magda.

La jeune fille fréquente les pensionnats huppés et les milieux mondains. Elle a une relation amoureuse avec le jeune sioniste Victor Arlosoroff et porte alors un certain intérêt à la cause qu'il défend. En 1921, elle épouse Günther Quandt, un des hommes les plus riches d'Allemagne. Il a quarante ans, elle n'en a que dix-neuf. Le couple a un fils, Harald, mais le mariage est un échec et ils divorcent en 1929.

Magda Quandt milite au NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands) où elle trouve bientôt un travail qui la rapproche du Gauleiter de Berlin Joseph Goebbels. Fascinée par le propagandiste du mouvement et par le dirigeant nazi Adolf Hitler, elle épouse le premier et devient une proche du second.

Elle suit son époux au début des années 1930 dans son aventure politique, lorsque le parti nazi accède au pouvoir. En mars 1933, Joseph Goebbels devient ministre de la Propagande. Magda Goebbels joue alors un rôle qui peut être comparé à celui de "Première dame du Troisième Reich", en participant à des cérémonies officielles, des réceptions, des visites d'Etat et en se posant dans la propagande du régime nazi comme la "plus grande mère du Reich". Néanmoins, dans sa vie privée, elle mène une existence libre, s'affranchissant par exemple de l'interdiction de se maquiller ou de porter des vêtements de luxe et s'intéressant de près à la chose politique.

Son destin la conduit, dans les derniers jours du Reich, à accompagner son mari dans le bunker du Führer. Avant de se suicider avec son époux, elle tue leurs six enfants, confiant par écrit à son premier fils, Harald Quandt, combattant dans la Luftwaffe, que "le monde qui va venir après le Führer et le national-socialisme ne vaut pas la peine qu'on y vive."

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L'histoire :

Avril 1945

Berlin s'effondre sous les coups de l'Armée Rouge. Au Konzerthaus, autrefois si resplendissant et aujourd'hui ravagé par les bombes, l'orchestre philharmonique achève le Crépuscule des Dieux de Richard Wagner face à une poignée de hauts dignitaires nazis encore présents. Le IIIème Reich compte ses dernières heures.

Pendant ce temps, à quelques centaines de kilomètres de là, des milliers de fantômes décharnés, les pieds en sang, subissent leur ultime épreuve : les "marches de la mort". Nombreux n'y survivront pas...

Mon avis :
Un roman bouleversant qui confronte au destin de Magda Goebbels celui, effroyable, de déportés qui, au prix de leur vie, ont été les gardiens de textes secrets et intimes, témoignages poignants de la barbarie nazie. Entre réel et imaginaire, la plume remarquablement poétique de Sébastien Spitzer se glisse au plus près de l'âme de ses personnages. Elle nous saisit et nous émeut. 

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