jeudi 5 avril 2018

"Yoko Tsuno, #20 - L'astrologue de Bruges" de Roger Leloup (Dupuis)

Roger Leloup est un scénariste et dessinateur de bandes dessinées belge, né en 1933 à Verviers. Il est principalement connu pour la série Yoko Tsuno dont il est le scénariste et le dessinateur.

"L'astrologue de Bruges" est le vingtième titre de la série Yoko Tsuno. Au cours de ses précédentes aventures, Yoko avait déjà dû affronter nombre de personnages diaboliques. Pouvait-elle supposer qu'elle aurait un jour rendez-vous avec le diable en personne ?

"J'ai imaginé cette histoire à une époque où l'on parlait du retour de grandes maladies telles que la peste, et j'ai souhaité utiliser cette grande peur comme base d'un récit. J'ai choisi de le situer à Bruges pour des raisons de proximité : j'aime avoir la ville sous la main quand je la dessine. L'imaginaire travaille différemment quand on se base sur des photos ou quand on a les lieux devant soi." (Roger Leloup)

Avant d'entamer une histoire, Roger Leloup aime s'imprégner longuement de l'ambiance des lieux dans lesquels il placera son héroïne. Durant des journées entières, il explore les rues et les maisons où elle déambulera ; il accumule les images, les sensations, les souvenirs. Il se met à la place de Yoko, il fouille la ville avec ses yeux, il imagine comment elle s'y comporterait.

"J'étais déjà venu à Bruges, vers 1960, à la demande d'Hergé. Il souhaitait réaliser pour sa propriété de Céroux une copie d'une grille des jardins du Gruuthuse Museum et il m'avait envoyé prendre des croquis. C'était l'hiver, un hiver brumeux. Bruges était grise, noircie par l'humidité. Puis la neige est tombée et la poésie de la ville est ressortie tout à coup. C'était magique ! Quand j'y suis retourné pour cette histoire, elle avait été complètement restaurée et tout avait changé. Il y avait du soleil, les pierres chantaient, c'était gai. Et c'est une cité tout en aquarelles que j'ai découverte, un cadeau fabuleux pour un coloriste. Mais je me suis vite rendu compte que, par la bande dessinée, je ne parviendrais pas à rendre cette magnificence du Bruges en reflets. J'ai dû rendre les canaux glauques, j'espère qu'on me le pardonnera !" (Roger Leloup)

Comme pour chacun de ses précédents albums, Roger Leloup s'est documenté énormément avant de se lancer. A côté de lui, une vieille carte d'époque, des livres historiques, des catalogues de musées, des boîtes de photos prises sur place, des clichés copiés de bandes vidéo ne sont que quelques-uns des éléments où il puise l'inspiration. Un ensemble de documents épars à partir desquels il va extrapoler le Bruges d'il y a près de cinq siècles.

"Je me défends d'avoir fait un album historique sur Bruges. Je ne suis pas un historien, mais il ne faut pas pour autant trahir l'Histoire. Celle de Bruges est tellement riche en légendes merveilleuses que j'ai dû me priver de nombreux temps forts. J'avais de la matière pour deux albums." (Roger Leloup)

*


Bruges apparaît au Xème siècle en tant que place forte du comté de Flandre. En 1134, un raz-de-marée a pour conséquence bénéfique d'ouvrir un bras de mer, le Zwin, donnant un accès direct à la mer pour la ville, ce qui entraîne un développement urbain spectaculaire entre le XIIème et le XVème siècles, avec le creusement de nombreux canaux. Forte de son indépendance communale symbolisée par son beffroi, Bruges devient une plaque tournante portuaire, commerciale et financière centrale dans l'Europe du Moyen Age, reliant les pays de la mer du Nord et de la Baltique à la Méditerranée. Les riches marchands brugeois traitaient avec ceux de toute l'Europe. La première bourse de valeur de l'histoire est née à Bruges au XIIIème siècle. Au XVème siècle elle est la première place financière d'Europe. Cet essor économique entraîne également une floraison culturelle et artistique. Elle a été le centre le plus important pour les peintres primitifs flamands, qui ont révolutionné la peinture occidentale, et dont les oeuvres sont aujourd'hui dispersées dans les grands musées du monde entier. Mais le Zwin s'ensabla peu à peu aux XVème et XVIème siècles, éloignant progressivement la ville de son accès à la mer, ce qui provoqua un déclin économique irrémédiable au profit de sa voisine, Anvers. Bruges est alors tombée au rang de simple ville provinciale.

Ce n'est qu'au XXème siècle que la ville connaît un nouveau développement grâce à la création du vaste port de Bruges-Zeebruges, qui fait aujourd'hui partie intégrante du Range nord-européen. La longue période de torpeur qu'a connu la ville après la Renaissance a permis à l'essentiel de son tissu urbain médiéval et à une bonne partie de ses monuments anciens de rester préservés. La "belle endormie" est alors apparue aux XIXème et XXème siècles comme un des joyaux du patrimoine européen. Ce patrimoine ancien a été méticuleusement restauré et mis en valeur. Une architecture néogothique de qualité s'est aussi développée parallèlement, faisant véritablement renaître le style local et redonnant au centre historique un aspect médiéval plus complet. Comme d'autres villes, elle est parfois surnommée la "Venise du Nord" du fait de ses canaux qui encerclent ou traversent la vieille ville dans un cadre pittoresque. Bruges est  ainsi devenue la ville la plus touristique de Belgique. Elle héberge aussi le Collège d'Europe.

Elle est membre de l'Organisation des villes du patrimoine mondial depuis l'an 2000. La ville a même la particularité de figurer trois fois sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO. Pour son centre historique, pour son béguinage faisant partie des Béguinages flamands et pour son beffroi repris parmi les Beffrois de Belgique et de France. En outre, elle est aussi reprise comme Patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO pour sa procession du Saint-Sang. Elle fut également la capitale européenne de la culture en 2002, en même temps que la ville espagnole de Salamanque.

*

L'histoire :
L'électronicienne Yoko Tsuno est invitée à Bruges, en Belgique, par le peintre Jan Van Laet. Au domicile de l'artiste, elle découvre un magnifique tableau datant la Renaissance. L'oeuvre représente deux jeunes femmes ressemblant trait pour trait à Yoko et à son amie Monya. Van Laet semble croire le plus sérieusement du monde que les deux amies ont été les véritables modèles... en 1545 ! Pure folie ? Yoko comprend très vite qu'il ne s'agit pas d'une blague. Avec ses fidèles compagnons, Vic, Pol et Monya, elle va devoir, une fois encore, affronter tous les dangers et démêler les fils de ce mystère diabolique...

Mon avis :
Une machine à remonter le temps, un étrange voyage au XVIème siècle, des héros valeureux et ingénieux, quelques figures maléfiques, des énigmes et des secrets enfouis dans les entrailles d'une ville chargée d'Histoire, voilà tous les ingrédients d'une étonnante et extraordinaire aventure !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire